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LA RICHESSE ITALIENNE

situation financière avec les éléments encore insuffisants dont elle disposait. L’année 1902, ainsi que le faisait remarquer la Nuova Antologia sous la plume d’un ancien ministre, M. Maggiorino Ferraris, aura brillé à cet égard d’un éclat particulier. Sur le marché de Paris, la rente italienne a, pour la première fois, atteint le cours de 100 francs et, chose plus précieuse, s’y est maintenue depuis lors ; en même temps l’agio sur l’or a disparu ; enfin les budgets ont réalisé leur équilibre. Voilà trois faits qu’il est bon de méditer. Ils renferment pour nous une double morale ; d’abord ils nous certifient que l’amitié de l’Italie est devenue fort avantageuse et ensuite ils nous renseignent sur les moyens de liquider une situation obérée. Quand on se rappelle les difficultés économiques et financières devant lesquelles se trouvèrent nos voisins au lendemain de la prise de Rome ou du désastre d’Adoua, on est à juste titre surpris de constater qu’ils se sont si vite et si bien soustraits aux conséquences de ces difficultés ; le fait qu’ils y soient parvenus, en dehors de circonstances exceptionnellement favorables, est encourageant pour la politique de modération et d’économie bien entendues qui doit être aujourd’hui celle de tous les hommes d’état vraiment dignes de ce nom.


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L’UNION LATINE



L’an passé, lorsque notre éminent ambassadeur aux États-Unis, M. Jules Cambon, quitta son poste pour venir représenter notre république auprès du roi d’Espagne, les notabilités de New-York lui offrirent, avant son départ, un énorme banquet au cours duquel débordèrent simultanément le champagne français et l’éloquence yankee, aussi pétillants, mousseux et tapageurs l’un que l’autre.

Un orateur — on le dit officiel, mais ce caractère, là-bas, ne gêne guère les mouvements de ceux qui en sont investis — proposa, au milieu de l’enthousiasme général, de boire à la conclusion future d’un « empire républicain latin » qui unirait la France, l’Italie et l’Espagne. M. Cambon fut sans doute un peu ahuri au fond de lui-même, en entendant formuler ce vœu bizarre. Sans parler du