Page:Revue franco-americaine - volume 1 - juin 1895.djvu/75

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PAUL ADAM. — One of the most artistic, alert and voluminous of modern writers, M. Adam has already at the age of thirty, produced twenty novels and over two hundred stories and essays. Blinded for a while by the glare and glitter of general Boulanger he nearly lost hist way in politics, but, fortunately, stopped half way and returned safe and sound to literature.

LES DEUX ROIS.

Un midi, à la fin de sa seizième année et comme, devant une fenêtre ouverte sur les feuillages des tilleuls, elle achevait, la langue tirée par application, de traduire un passage français de Montesquieu, Elsa eut peur en voyant entrer son père, le prince de Lippe-Holstein, accouru subitement de Berlin en dix heures d’express. Sans retirer même son cache-poussière, le vieillard lui conseilla d’épouser, avant trois semaines, Ludwig de Gotha, désigné par les diplomates pour le trône de Béotie, à cause de son insignifiance qui n’inquièterait aucune politique.

Enchantée d’être reine, l’enfant embrassa son rude père, se laissa emballer dans des robes précieuses venues de Vienne et de Paris, partit de sa province rhénane avec une joie épeurée. Les lumières des salons d’abord ahurirent ses yeux. L’époux, quadragénaire, veuf et père de six filles, lui parut moins séduisant que Siegfried ou Parsifal. Cuirassier sanguin en tunique de drap blanc, il se montra bonasse pour la petite fille. Il lui passait des séries de bijoux aux doigts. L’empereur la fit danser. Elle n’osa trop voir alors la main morte que le souverain maintenait dans la dragonne de son sabre. Elle palpita contre les décorations de l’uniforme suprême, elle palpita, balbutia, tourna, s’esquiva dans une révérence dont les vieilles dames applaudirent, du murmure, la grâce.