au moins pas d’écoles libres en nombre suffisant, ils seraient forcés d’aller à l’école officielle, et, comme déjà ils la fréquentaient en vertu de l’obligation antérieurement instituée, ils trouveraient naturel, par une propension inhérente à l’homme, de faire le lendemain ce qu’ils faisaient la veille. Mais contraindre les parents à envoyer leurs enfants à l’école et en même temps changer le caractère de l’école officielle, qui serait peut-être la seule dans la commune, ce serait recourir à une violence morale qui révolterait une foule de consciences. Les libéraux, les radicaux et les socialistes ont peur de cette éventualité, et c’est pour atténuer les effets de la réforme désirée qu’ils voudraient nous en voir exécuter la première partie à la faveur d’un programme d’études comprenant encore l’enseignement religieux. Les appels à l’instruction obligatoire constituent donc, dans les circonstances actuelles, un piège, et nous jouerions un jeu de dupes, en même temps que nous préparerions les voies à l’accomplissement de desseins funestes, si bénévolement nous nous y laissions tomber.
Il me serait aisé d’insister sur ces considérations, mais, je le répète, je les ai exposées antérieurement, et dans les pages que je trace en ce moment, je préfère n’examiner la question qu’au point de vue politique. Trois ou quatre considérations me paraissent, à ce point de vue, essentielles.
La première, c’est que, lorsqu’on peut atteindre par la persuasion le résultat entrevu, il vaut mieux y recourir que d’employer la contrainte. La persuasion ne froisse pas ; la contrainte rebute. Les gens sont ainsi faits que souvent ils résistent, quand on ordonne ; ils cèdent, quand ils croient se décider volontairement. Cette vérité trouve particulièrement son application dans notre pays ; traditionnellement épris d’indépendance et de liberté, il répugne aux mesures coercitives.
Encore, si les faits tendaient à établir que la contrainte est nécessaire. Mais c’est précisément le contraire qu’ils révèlent.
Consultons d’abord les derniers recensements.