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Page:Revue générale - volume 85, 1907.djvu/434

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De temps en temps il donne un encouragement platonique, mais il se garde bien de faire exécuter, en Allemagne, une seule symphonie. Bruckner jamais ne répond, jamais ne se défend, jamais ne tente la moindre contre-mine. Il succombe et pleure en silence. C’est d’abord le conservatoire qu’on lui rend impossible. Il est obligé de résigner ses fonctions. L’Empereur le veut une fois décorer, Hanslick agite tant et si bien, que François-Joseph craint de se rendre impopulaire en poursuivant son dessein. L’application du clan Brahms — et comme il contenait tous les juifs et toute la haute finance de Vienne, il était aussi agissant que possible ; jugez-en par l’affaire Dreyfus — semble n’avoir pas d’autre préoccupation que d’évincer en tout et partout l’infortuné vieillard. Et voici que, malgré tout, son mérite pourtant forçait les murailles de l’inpace où on cherchait à le claquemurer. Wagner avait accepté une dédicace. La jeunesse venait à lui. Hugo Wolf osait se réclamer de lui. Mahler, sans être directement son élève, tournait autour de lui, subissait son influence, réduisait à quatre mains une de ses symphonies. En 1884-85 même des Israélites hors de Vienne commencent à le porter au pavois. Nikisch et Levi donnent sa VIIe à Leipzig et à Munich. Depuis 1875 il a trouvé une pitié en l’archiduchesse Marie-Valérie ; grâce à elle on lui a, malgré toutes les oppositions, accordé un cours d’harmonie de deux heures le lundi soir à l’université, dans cette même salle où les mardis, jeudis et samedis professe Hanslick. Et c’est là que nous l’allâmes rejoindre en 1888. Nous eûmes sa dernière leçon en 1896. En 1891 on l’avait nommé docteur honoraire de cette même université : il était assez humble de cœur pour en être fier. Et, enfin, quand la VIIIme symphonie parut, Bruckner eut la satisfaction si longtemps désirée… La Philharmonie l’exécuta. Seul Hanslick ne désarma point et mourut dans l’impénitence finale.

Voilà, à grands traits, la biographie du symphoniste autrichien qu’il reste à la France, et qu’il serait l’honneur des catholiques de tous pays de célébrer dans leurs églises par l’exécution de plus en plus fréquente de ses trois messes, de ses quatre Graduels, de son 150me psaume, du 114me, dont M. Auguste Göllerich a donné une analyse si serrée dans un des derniers numéros de la