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Page:Revue générale - volume 85, 1907.djvu/433

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tent leur justice en soi. Le jugement de Hanslick est pour son dam inséparable à tout jamais de la Deuxième Symphonie. Le célèbre critique juif a d’autres piloris. Il ne lui reste que l’amitié de Brahms. Le souvenir de cette amitié plutôt. Car l’œuvre est morte. Cette critique est aujourd’hui illisible : elle ne contient ni un aperçu, ni une vue d’ensemble. C’est du papier noirci de méchancetés ou de compliments également banals. On ne s’explique pas le poids qu’elle a eu sur les opinions de contemporains. Il est certain que Francisque Sarcey fut un aigle auprès de Hanslick. Observons qu’en 1873, Brahms n’avait pas encore écrit de symphonie ; mais il s’y apprêtait. Il fallait qu’il trouvât le terrain déblayé et que Hans de Bulow pût parler d’une « dixième de Beethoven » et lancer ses fameux trois B. Elles étaient faites depuis longtemps les dixième, onzième et douzième de Beethoven quand la première de Brahms parut ! Et les trois grands B de la musique, nous les avons ramassés. Oui, oui. Mais Bach, Beethoven et Bruckner, et non Brahms. Aujourd’hui, il est évident que, si l’on fait rendre leur suc dernier à la vendange de sottises qui ont été écrites sur Bruckner, le résidu est ceci : « Il fut un catholique. »

Il nous appartient, soyons-en fier ! On a essayé de nous enlever Beethoven ; il serait trop ridicule qu’on essayât de Bruckner. Nos ennemis doivent être aujourd’hui bien embarrassés de leur ouvrage ! On a encore prétendu qu’à peine apparues les symphonies de Brahms, on avait été obligé de cesser de jouer celles de Bruckner ; qu’elles ne supportaient pas la comparaison, etc. Et aujourd’hui donc ? On voit ce qui arrive lorsqu’un directeur les produit côte à côte. Du reste, Bruckner cette fois ne se laissait plus décourager. Il comprenait qu’il s’agissait de gravir un chemin de croix. Il avait, du reste, entendu son ancien examinateur, Herbeck, après la répétition de cette seconde, s’écrier : « Si Brahms était en état d’écrire une symphonie comme celle-là, la salle croulerait d’applaudissements. »

Et huit symphonies vont se succéder sans jamais obtenir à Vienne leur exécution par la Philharmonie. C’est une guerre à mort contre le pauvre Bruckner. En tapant sur lui, on croit abattre Wagner. Wagner, derrière ce large rempart, s’en rit.