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Page:Revue générale - volume 85, 1907.djvu/9

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L’INSTRUCTION OBLIGATOIRE.


Depuis quelque cinquante ans, la question de l’instruction obligatoire a été maintes fois agitée dans le pays. Elle n’a pas réussi à provoquer de la part du parlement une solution législative ; le 2 août 1895, la Chambre des représentants en a repoussé le principe par quatre-vingts voix contre quarante-six et deux abstentions. Cependant, c’est surtout en politique qu’on peut dire que l’histoire recommence toujours ; aussi fallait-il s’attendre à ce que les partisans de l’obligation revinssent à la charge ; c’est ce qui est arrivé en 1906 ; elle est aujourd’hui un des articles de la coalition des gauches. Quelle est la cause de ce mouvement offensif ? Est-ce parce que l’instruction obligatoire a réussi dans les États où elle a été récemment introduite ? Il serait impossible de l’affirmer, les résultats ayant été fort médiocres. Est-ce parce que les progrès de l’enseignement laissent à désirer en Belgique ? On le soutient parfois ; mais une telle assertion ne résiste pas à l’examen des chiffres. Est-ce parce que les gauches sont éprises pour l’enseignement d’un amour que la droite ne partage pas ? Les faits protestent contre ce blason qu’elles voudraient se décerner. En réalité, la campagne en faveur de l’instruction obligatoire, à laquelle il convient de joindre le service personnel et le suffrage universel pur et simple, est née exclusivement du désir des gauches de trouver une plate-forme qui leur permit de nouer entre elles des liens étroits ; il fallait, pour tâcher d’escalader le pouvoir, grouper l’opposition tout entière autour de quelques mesures auxquelles ses diverses fractions pussent se rallier : l’inscription de l’instruction obligatoire au programme des libéraux, des radicaux et des socialistes n’a pas d’autre cause. Est-ce une raison pour nous d’emboîter le même pas ? Je ne le pense pas, et ces lignes ont pour objet de justifier ma résistance.