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BULLETIN HISTORIQUE


FRANCE.


Moyen âge. — M. Hauréau, membre de l’Institut, vient de publier le sixième et dernier volume des Notices et extraits de quelques manuscrits latins de la Bibliothèque nationale (Paris, Klincksieck, 1893, in-8o) ; il serait impossible d’analyser ici un ouvrage de ce genre, réunion de notices plus ou moins longues, élégamment écrites, sur divers auteurs latins du moyen âge ; l’auteur a fait nombre de petites découvertes qui ont leur importance et nul ne pourra désormais s’occuper des poètes, des sermonnaires et des théologiens du xie au xive siècle sans consulter ces lumineuses dissertations. Les œuvres analysées par M. Hauréau sont trop souvent imparfaites et d’aspect rebutant, mais, dans ce fatras, l’historien peut relever bien des traits utiles, bien des mentions intéressantes. Les poésies satiriques ne manquent pas, qui nous en apprennent plus que beaucoup de chroniqueurs sur les idées des gens du moyen âge ; les sermons sont souvent presque aussi amusants à lire que les fabliaux, et beaucoup, œuvre de moines mendiants du xiiie siècle, fourmillent de traits hardis contre l’église séculière, rongée par la simonie et corrompue, et contre le vieil institut de saint Benoît, dès lors en pleine décadence.

M. Samuel Berger a pris pour objet principal, on pourrait dire unique, de ses études, l’histoire de la Bible au moyen âge ; en 1884, il avait donné au public une étude fort remarquée et très remarquable sur la Bible française ; pour thèse de doctorat ès lettres, il a pris deux sujets se rattachant au même ordre d’études. La thèse latine est intitulée : Quam notitiam linguae hebraicae habuerint Christiani medii temporis in Gallia (Paris, Hachette, in-8o). Le sujet est difficile et exige des recherches étendues, mais la matière est peu abondante, et l’auteur a pu faire tenir tous les renseignements réunis par lui en une mince plaquette d’une soixantaine de pages. En effet, les docteurs chrétiens au moyen âge n’ont guère étudié la langue hébraïque que pour corriger le texte des livres saints, texte corrompu par les copistes, à tel point qu’il en était devenu à peu près incompréhen-