cet écrit, rompait toute solidarité avec Pinet, resté montagnard impénitent, et insinuait que le coupable pouvait bien être ce dernier. Voici les passages de cette brochure relatifs à l’attentat :
« Paris, le 10 thermidor, l’an III de la République française.
« … Le Messager du soir, dans sa feuille d’aujourd’hui, page 3, demande qu’on me réunisse à Pinet[1], s’il reste démontré que j’ai amusé (sic) la jeune et belle Labarrère, que je promenais dans ma voiture, lui promettant la liberté de son père estimable, que je fis décapiter le jour même où elle devait l’embrasser. Voici ma réponse à cette accusation qui fait frémir la nature.
« J’étais à Orthès, distant d’environ quinze lieues de Dax, avec mon collègue Beauchamp, pour m’y concerter avec lui sur des objets relatifs à l’organisation des troupes à cheval, dont nous étions chargés, lorsque Pinet, occupé seul des mesures révolutionnaires, se rendit de Tartas à Dax avec une commission extraordinaire[2]… ; je n’aime point à accuser surtout sur des crimes graves dont je n’ai pas été le témoin oculaire ; je dois dire cependant, pour l’intérêt de ma justification, pour celui de mon honneur, que la citoyenne Labarrère arriva de Tartas à Dax en même temps que Pinet pour solliciter auprès de lui la liberté de son père.
« Mais, pour ce qui me concerne, la vérité est qu’uniquement occupé de l’organisation des troupes à cheval, je ne me suis mêlé ni de réclusions, ni de libertés ; que je ne pouvais pas m’en mêler d’après le décret qui m’envoyait auprès de l’armée des Pyrénées occidentales ; que je n’ai eu aucune espèce de relation avec la citoyenne Labarrère, que je connais à peine ; j’invoquerai, s’il le faut, son témoignage.
« Quel est donc le scélérat qui a inspiré au Messager du soir une inculpation aussi atroce ? pourquoi, au lieu de l’appliquer à celui à l’égard duquel elle eût été du moins probable, m’a-t-on donné une cruelle préférence ? pourquoi…? pourquoi…? le temps peut-être nous dévoilera quelle est la source, quel est le but d’un tel système de diffamation.
« Quant aux dix-neuf fosses creusées à Dax, j’ignore absolument
- ↑ Décrété d’accusation le soir de la journée du 1er prairial an III, comme un des promoteurs de l’insurrection, Pinet était alors en prison. Il y resta jusqu’à l’amnistie du 4 brumaire an IV.
- ↑ Les points sont dans le texte. La commission dont parle ici Cavaignac est connue dans l’histoire de la Révolution sous le nom de commission extraordinaire de Bayonne.