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propriétaire dans ce village ou dans cette marche. Il possède dans les « communs » non parce qu’il y a un droit de propriété, mais parce qu’il y a un droit de jouissance qu’il tient de la coutume.


H. Pirenne.




A. Stern. Geschichte Europas seit den Vertraegen von 1815 bis zur Frankfurter Frieden von 1871. Berlin, Hertz, 1894. In-8o, 656 pages.

M.  Alfred Stern a entrepris d’écrire l’Histoire de l’Europe depuis les traités de 1815 jusqu’à la paix de Francfort de 1871. Cette œuvre est conçue dans des proportions assez vastes, car la première partie, qui ne conduira le récit que jusqu’à la Révolution de 1830, comprendra à elle seule trois volumes. Le premier de ces trois volumes vient de paraître. En dehors des travaux imprimés, déjà si nombreux, qui existent sur cette époque, M.  Stern a mis à profit des pièces manuscrites inédites, tirées des Archives d’État de Vienne, de Paris, de Berlin, de Florence, de Berne. Une des idées mères de l’auteur est de montrer que, malgré la diversité des faits qui constituent l’histoire particulière de chaque nation, l’Europe, au xixe siècle, forme un ensemble ayant une vie commune et entraîné dans un même courant d’idées politiques, économiques, artistiques et scientifiques. Ce courant d’idées, M.  Stern le cherche et le suit en étudiant successivement, dans ce premier volume, la France, l’Angleterre, l’Autriche, l’Allemagne et la Prusse. Dans le récit détaillé des événements de l’histoire intérieure de chacun de ces peuples, M.  Stern fait preuve d’un véritable talent d’exposition et d’un attachement réfléchi aux idées libérales, défendues par lui avec une modération qui n’exclut pas la fermeté. Il décrit avec une ironie tranquille les fureurs et les ridicules de la réaction de 1815, et montre une sympathie sincère pour le progrès des réformes tentées en faveur des classes non privilégiées. Les questions économiques et sociales, qui commençaient alors à prendre de l’importance, sont étudiées avec lucidité. Les incidents si variés et si complexes de la vie parlementaire ou diplomatique sont présentés dans un style limpide et facile.

Comme il est naturel, le livre de M.  Stern, quand il nous entretient de l’histoire intérieure de la France, est moins instructif et moins nouveau que lorsqu’il traite des affaires de l’Allemagne ou de l’Angleterre ; ce sont ces derniers chapitres qui seront lus par nous avec le plus d’intérêt et de profit. Mais, même lorsque M.  Stern expose des faits de notre histoire qui n’ont plus rien d’inédit pour nous, l’intérêt de son récit subsiste, parce qu’il devient très curieux de constater quels sont les jugements portés, par un étranger si éclairé, sur notre développement, sur les vicissitudes de notre politique, sur notre caractère. Nous devons reconnaître que, d’une façon générale, M.  Stern se montre toujours animé d’un sincère désir d’impartialité. Nous ne pouvons donc que