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Page:Revue historique - 1896 - tome 62.djvu/52

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MÉLANGES ET DOCUMENTS




LA CAPTIVITÉ DE JEAN D’ORLÉANS
COMTE D’ANGOULÊME
(1412-1445).


Des travaux sérieux nous ont appris comment Louis de France, duc d’Orléans, — le père de Jean, comte d’Angoulême, — occupa le royaume entier de ses ambitions pendant sa vie, et de sa vengeance après sa mort. Nous savons aussi quel profit les Anglais, depuis Azincourt jusqu’au traité d’Arras, surent tirer des rivalités tragiques entre les Armagnacs et les Bourguignons. La captivité du comte Jean d’Angoulême, épisode à la fois de ces luttes civiles et de la guerre franco-anglaise, est moins connue.

Peut-être méritait-elle d’être étudiée : elle éclaire d’un jour nouveau nos relations avec nos ennemis d’outre Manche, à une époque où ces relations sont en grande partie l’histoire de notre pays ; elle nous permet de surprendre le jeu d’une des spéculations les plus en vogue en ces temps troublés : la rançon d’un prisonnier de haut rang.

Nous n’avons donc pas jugé inutile de rechercher les circonstances qui amenèrent la captivité du comte, d’exposer ce qu’elle fut, de préciser comment elle prit fin.


I.


Jean d’Angoulême devint le prisonnier des Anglais en 1412, moment où la guerre de Cent ans, suspendue plutôt qu’interrompue depuis la mort de Charles V, allait reprendre. Il ne tomba pas dans leurs mains sur un champ de bataille, mais à la suite des négociations ouvertes avec eux par les princes d’Orléans. Ces princes crurent bon de chercher, même à l’étranger, les moyens de venger leur père ; ils firent une ligue contre Jean sans Peur, duc de Bourgogne,