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Page:Revue historique - 1896 - tome 62.djvu/54

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leur réconciliation ; l’appel fait aux troupes anglaises et le refus d’utiliser leur secours ; l’épuisement financier de Charles d’Orléans et la conduite des négociations que lui laissèrent ses alliés ; — voilà les causes de la captivité de Jean d’Orléans, comte d’Angoulême.


II.


Le jour même du traité de Buzançais, le 14 nov. 1412, Jean d’Angoulême, monté sur une haquenée noire, à longue queue, fut conduit avec honneur dans le camp des Anglais et sa captivité commença[1].

Il était sans doute impossible à l’origine de prévoir par quelle série d’événements cette captivité serait prolongée ; cependant, avant la fin de cette journée, un acte déloyal, commis par Clarence, put sembler un présage funeste : ce duc ajouta, de son autorité, 60,000 écus aux 150,000 inscrits dans le traité[2]. La somme dont répondaient les otages fut alors, malgré les protestations des princes français[3], portée à 210,000 écus. Maître des captifs, Thomas de Lancastre se jugeait maître de leur délivrance. C’était le droit du plus fort.

  1. Brit. Mus., Addit. chart. 246 : « Sachent tuil que je, Bridart de Bruille, chevalier, confesse avoir… receu de Pierre Renier… la somme de 20 l. t. sur un voyage où mondit sgr [d’Orléans] m’envoye présentement, en la compaignie de Mgr le conte d’Angolesme, par devers le duc de Clarence et autres Anglois… xiiije jour de novembre 1412 » (Signature, orig. parchemin, sceau sur simple queue conservé). Le même jour mentionné comme jour du départ de Jean en compagnie de Macé le Borgne : Bibl. nat., nouv. acq. fr. 3641, coll. Bastard 661 et 663. Cf. Maulde la Clavière, Hist. de Louis XII, 1re partie, t. I. Paris, Leroux, 1889, in-8o, p. 34 et n. 1. Sept jours auparavant on était déjà résolu à livrer Angoulême : Brit. Mus., Addit. chart. 244, 245. — Le marquis Delaborde, les Ducs de Bourgogne, t. III, 6222.
  2. Arch. nat., J. 919, no  25, fol. 25 vo : « Les Anglois… fistrent ung roolle avant partir où ilz demandoient lx mille escuz, oultre cent lm à eulx promis, qui sont 210,000 escuz. » Cf. Ibid., J. 919, 25, fol. 4 vo ; J. 919, 26, fol. 13 vo, 14 ro, 28 ro, 29 ro, 72 ro, 111 vo. — Ibid., K. 59, 3. — Nous possédons, au British Museum, Addit. chart. 1399, l’original de ce « rolle, » sur parchemin, revêtu de la signature autographe de Clarence et authentiqué par un sceau plaqué de cire rouge, entouré de pailles et protégé par une couverture de parchemin se levant ou s’abaissant à volonté. Cet acte est daté du 14 novembre 1412. La distinction formelle entre la somme de 150,000 écus consentie à Buzançais et le supplément de 60,000 écus arbitrairement exigé par Clarence est essentielle. Elle n’a pas été faite nettement jusqu’ici ni par les chroniqueurs ni par les historiens.
  3. Arch. nat., J. 919, 25, fol. 5 vo : « Les seigneurs [français] ne le vouldrent accorder… »