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Page:Revue historique - 1896 - tome 62.djvu/64

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s’oublier dans le domaine de l’Idée. Jamais Berry ni Bourbon ne contribuèrent aux frais de son entretien[1]. Ces dépenses demeurèrent à sa charge et à celle de son frère. Les Anglais avaient eu garde d’épargner aux deux prisonniers ce qui fut pour ceux-ci un souci constant et cruel. Avant la fin de 1412, Charles d’Orléans avait envoyé une somme insuffisante, 750 liv. t., pour l’hôtel de Jean. À la fin de 1413, il lui fit remettre 2,000 écus d’or[2]. Il apprenait peu après que le comte avait éprouvé les premières atteintes de la gêne ; il en fut attristé[3]. Il voulait que son frère fût en état de soutenir l’honneur de son nom, et il lui assigna 6,000 liv. t. de pension, sur lesquelles 1,000 pour les otages. Le chiffre était, assurait le duc, provisoire[4] ; il ne fut pas élevé néanmoins. Il y a mieux : de janvier 1418 (n. st.) à janvier 1420 (n. st.), Jean ne toucha pas un denier. Il fut heureux de trouver, à l’issue de ces deux années de disette, un prêt modeste de 220 liv.[5]. Il n’aurait pas eu le courage de faire entendre ses protestations à Charles, qui, lui-même, restait quinze mois de plus sans argent[6]. En 1427, le comte, dont les 6,000 liv. de rente étaient toujours fictives, reçut enfin la recette du grenier à sel d’Orléans[7]. Hélas, il n’en fut pas plus riche : c’était précisément l’époque où la courageuse cité avait à soutenir le siège héroïque qui l’a illustrée, et les succès de Jeanne d’Arc n’avaient pu faire que le pays ne fût ruiné. Il fallut, en conséquence, octroyer à Jean un supplément pécuniaire. Le taux en varia souvent jusqu’en 1437, où il fut arrêté à 600 écus[8]. Pour faire tenir au prince ces maigres sommes, le trésorier ducal les enfermait dans des bouteilles de cuir accouplées deux à deux[9]. L’on voit assez que ces bouteilles n’encombrèrent jamais le logis du comte…

  1. Brit. Mus., Addit. chart. 70, 71.
  2. Bibl. nat., nouv. acq. fr. 3641, 3642, 681. — Coll. Bastard 661 et 665 (17 décembre 1412).
  3. Brit. Mus., Addit. chart. 61.
  4. Brit. Mus., Addit. chart. 61, cit., 62, 59, 257, 3460, 3642. — Bibl. de l’École des chartes, t. XVI, p. 556.
  5. Bibl. de l’École des chartes, t. XVI, cité, p. 556 et suiv. Cela ressort du tableau des sommes portées en Angleterre pour l’entretien du comte d’Angoulême.
  6. Arch. nat., K. 64, 3718.
  7. Bibl. de l’École des chartes, t. XVI, p. 555 et suiv., citées. En outre : Brit. Mus., Addit. chart. 313, 3496, 3532, 3560, 3610, 3612, 3822. — Arch. nat., K. 59, 30, 30 bis, 32, 32 bis ; K. 62, 5 ; K. 64, 3719 ; K. 64, 3718, fol. 7 ro. — Bibl. nat., Pièces orig. 1260, no  28223, p. 11 ; 2157, 7, 510, 525 ; 5128, 8, 523-526 ; fr. 20379, fol. 3 ; nouv. acq. fr. 3642.
  8. Taux variable j. en 1437, Brit. Mus., Addit. chart. 3626, 3660 (12 novembre 1431) ; Bibl. nat., nouv. acq. fr. 3645 (coll. Bastard), 23 mars 1429. — Taux fixé : 22 mai 1437, Addit. chart. 428 ; 12 décembre 1443, Addit. chart. 3974, 5.
  9. Brit. Mus., Addit. chart. 3481 et 3496 : « Quatre bouteilles de cuir, accou-