Page:Revue historique - 1896 - tome 62.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelque prisonnier anglais, — au besoin, par ces trois procédés à la fois.

Il y avait plus de quatre ans qu’Angoulême était aux mains des Anglais quand, en 1417, Charles d’Orléans désespéra, quant à lui, de rentrer en France et fit une énergique tentative en faveur de son frère. Le 22 mai, Clarence consentit à une entrevue : les princes français, bon gré mal gré, se reconnurent débiteurs du supplément de 60,000 écus qu’il s’était accordé à Buzançais, après la signature du traité. On déduisit par suite de 210,000 écus, et non de 150,000, les sommes antérieurement payées, soit 87,000 écus. Jean serait libre au début du mois d’août, si le duc d’Orléans répondait par bonnes cautions, avant le 1er juillet 1417, de tout ce qui restait à verser, 123,000 écus. On ferait trois parts de ce reliquat, de 41,000 écus chacune. Charles paierait l’une ; des banquiers s’engageraient à payer l’autre avant le 25 décembre 1417 ; la troisième serait garantie par des joyaux laissés en gage et serait délivrée à Clarence le 24 juin 1418. Au cas où le duc d’Orléans faillirait à ses engagements, Thomas de Lancastre aurait 4,000 écus d’indemnité[1].

Le négociateur de cette convention était le sire de Gaucourt, assisté d’un des rédacteurs du traité de Buzançais, Jean Chomery, et d’un des hommes sur lesquels Charles comptait le plus, depuis Azincourt, maître Robert de Tuillières.

Que les joyaux valaient plus de 41,000 écus, il fut aisé de le prouver[2]. Trouver des emprunts pour les deux derniers tiers de la somme totale fut beaucoup moins facile. On y parvint cependant, mais après trois mois d’efforts pénibles, pendant lesquels les premiers officiers de Charles n’eurent point de cesse. Ils ne purent, semble-t-il bien, éviter quelques retards ; le duc d’Orléans n’aurait donné qu’au mois d’août les garanties qu’on lui réclamait pour le 1er juillet. La guerre, sur ces entrefaites, avait repris, très vive en Normandie, dans les domaines de Charles notamment, et les prêteurs montraient fort peu d’empressement, craignant pour leurs hypothèques[3]. Bref, Thomas de Clarence jugea les sûretés trop lentes à venir et insuffisantes. Angoulême et Orléans lancèrent vainement leurs serviteurs à sa poursuite quinze mois durant. En novembre 1418, ils avaient enfin compris qu’ils s’épuisaient sans profit[4].

  1. Brit. Mus., Addit. chart. 21359 (original acquis le 28 avril 1856). — Arch. nat., J. 919, 25, fol. 7 vo.
  2. Addit. chart. 21359 cité.
  3. Ibid. 72, 274, 3482, 3484, 3488, 3492 notamment, 3493-3494. — Arch. nat., J. 919, 25, fol. 7 vo, 26, fol. 8 ro, 12 vo, 20 ; K. 64, 37a et b, 379 ; P. 1403, 1, no 26.
  4. Bibl. nat., Moreau 703-704, fol. 3 ; Rymer, IV, II, 197, 200, 202 ; III, p. 5, 46,