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Page:Revue historique - 1896 - tome 62.djvu/68

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Seul, le duc de Clarence tira des avantages de cette aventure. Il avait réussi à faire accepter le supplément de 60, 000 écus aux princes français ; il gardait en outre les 4,000 écus qu’ils lui avaient comptés et on l’accusa d’avoir feint de se prêter aux projets d’élargissement qu’il aurait, en réalité, secrètement combattus, dans l’intention de gagner cette somme. Quant au comte Jean et au duc son frère, ils ne revirent jamais les joyaux qui répondaient de 41,000 écus et ils furent menacés de perdre 30,000 moutons d’or détenus par des banquiers italiens[1].

Un échec aussi complet et aussi onéreux découragea pour cinq années encore Charles d’Orléans et Jean d’Angoulême. Ils ne reprirent les pourparlers qu’en 1422[2]. Tout d’abord, le trésorier, un secrétaire et un valet de chambre de Charles, qui s’adjoignirent un marchand allemand, arrachèrent aux banquiers, sous des menaces d’emprisonnement, quelques restitutions partielles[3]. Après quoi l’on essaya d’arriver à une entente avec Marguerite, duchesse de Clarence, veuve et héritière de Thomas de Lancastre. La première condition qu’elle imposa fut l’approbation à une distribution nouvelle des 210,000 écus qu’elle avait imaginée. Elle avait payé la complicité de Dorset en lui augmentant sa part de 27,355 écus : il ne lui était assigné que 4,000 écus en 1412, elle lui en réservait maintenant 31, 355. Elle avait enflé, pour une autre raison, de 70,175 écus la part d’York, mort depuis Azincourt ; les hoirs de ce prince n’étaient fondés qu’à réclamer 680 écus, puisqu’il avait reçu 5,320 écus sur les 6,000 que Clarence lui avait promis de son vivant[4]. C’était, par là, plus de 70,000 écus que gagnait Marguerite : 10,000 écus, en vérité, de plus que Clarence, lequel n’avait su en extorquer que 60,000. La répartition de la duchesse était précieuse à un autre titre : elle embrouillait les paiements et permettait à Marguerite de se ménager adroitement, au prix de cette confusion, des bénéfices pour l’avenir.

Ces ingénieuses modifications une fois adoptées, on divisa par tiers,

    57, 66. — Addit. chart. 3493-3494. — M. de Maulde se trompe en disant que les envois d’argent cessent en 1420 après le meurtre de Jean Sans-Peur. Ils ont cessé dès 1418, par le mauvais vouloir de Clarence (I, p. 42, n. 3, Hist. de Louis XII, citée).

  1. Arch. nat., J. 919, 25, fol. 7 vo ; 26, fol. 20 vo, 59 ro ; K. 59, 16. — Brit. Mus., Addit. chart. 1401.
  2. Arch. nat., K. 59, no 4.
  3. Ibid., K. 64, 3711_12.
  4. Ibid., K. 59, no 4, cité ; J. 919, 25, fol. 4 vo, 5 ro, 8, 10 ; J. 919, >26, fol. 7 ro, 21, 27 vo en marge, 44 vo, 45 ro, 93, 95, 96 vo. — Bibl. nat., fr. 20178, fol. 112 vo. — Brit. Mus., Addit. chart. 3478, 4311.