tie d’une dette du défunt duc. Il fallut faire diligence pour écarter l’obstacle[1].
Malgré tout, l’accord avec Suffolk put être signé huit jours plus tard, le 23 août : les conditions consenties le 12 mai étaient confirmées ; le montant des scellés serait versé aux mains de Thomas Gower, à Cherbourg. Si l’on prouvait que le total fût trop élevé, Suffolk le ferait réduire et restituerait la somme au cas où, les salus d’or livrés, Jean ne serait pas immédiatement élargi[2].
Il restait seulement à dresser le compte final. Le prince anglais ne voulut voir là qu’une pure formalité, et il s’en déchargea sur Gower et deux autres écuyers, au choix de la duchesse[3]. On en prit occasion pour commettre, aux dépens d’Angoulême, une longue série d’hypocrites escroqueries. — On sut d’abord attiser son impatience, en vue de l’exploiter. On attendit quatre grands mois sous prétexte d’examiner les dossiers[4]. Puis, on fit mine de tout suspendre, tant que l’autorisation de Charles d’Orléans n’aurait pas été donnée. — Jean supplia qu’on se hâtât, tant il redoutait un ajournement, qui pourrait tout perdre. Il se chargeait d’avoir l’approbation de son frère. On avait provoqué sa requête, que l’on épiait ; on eut l’air d’y céder. Jean était seul, sans conseil, sans appui, sans homme de finance. Tout semblait bien disposé à souhait et, le même jour, l’on commença. — Les quittances originales, jadis envoyées au comte d’Angoulême, quand il était venu à Cherbourg, avaient été, comme par hasard, égarées. Parmi celles qu’il présenta, on déclara les unes apocryphes, bien qu’elles fussent passées devant l’Officialité de Paris ou un notaire d’Angoulême. Il y en eut d’autres qu’on écarta, parce qu’elles étaient, alléguait-on, suspectes dans leurs formules. On eut l’audace de rejeter toutes celles qui n’avaient pas été souscrites en présence de Jean et de refuser celles qu’avaient reçues le duc Charles ou ses officiers. Enfin, l’on soutint que la plupart des paiements sur assignations avaient été faits à tort. Et l’on réussit, par tous ces moyens, à n’admettre pour loi que les seules archives de Clarence. — Enfin, contrairement aux stipulations de Buzançais, on ne rabattit pas les sommes payées pour trois otages : Villars, Davy, Saveuzes[5].
- ↑ Arch. nat., P. 1403, I, XVIII ; J. 919, 19, fol. 17.
- ↑ Ibid., J. 919, 25, fol. 9 vo ; 26, fol. 24 rro-25 ro.
- ↑ Ibid. et J. 919, 26, fol. 26 ro et suiv. ; J. 64714.
- ↑ Du 23 août 1444 (Ibid., J. 919, 26, fol. 24 ro-25 vo) au 23 décembre 1444 (Ibid., J. 647, 14, cité).
- ↑ Ibid., J. 647, 14, cité ; J. 919, 25, fol. 10 ro ; J. 919, 26, fol. 26 ro et suiv. ; J. 947, 14 ; K. 57, no 28, cité ; cf. arch. des Hautes-Pyrénées, A, famille royale, copie XVe s., publ. par M. Durier, 1884 (Souvenir de la Bigorre, 14 p.).