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LES PAROISSES RURALES
DANS L’ANCIENNE FRANCE.


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TROISIÈME PARTIE[1].

LES ÉGLISES PRIVÉES.


En étudiant l’origine et l’organisation de la paroisse, nous avons eu surtout en vue le vicus publicus, la paroisse libre, autonome, fondée dans un bourg, non dans un domaine, dotée par ses habitants, confiée, sous la juridiction de l’évêque, à un archiprêtre ou à un prêtre qu’ils ont choisi. Mais nous avons aussi noté l’existence de paroisses dont le régime était différent. À l’église publique s’oppose l’église privée. Établie dans une villa, sur la terre d’un grand, d’un évêché, d’un monastère, celle-ci ne relève pas seulement de l’autorité épiscopale. Son origine lui a donné un maître, dominus, et ce maître a sur elle certains droits. Il nomme le desservant, il intervient dans la gestion des biens. De plus, église et paroisse sont sa propriété. Il peut les vendre, les engager, les donner en alleu ou en bénéfice. Elles font partie de son patrimoine au même titre que sa terre.

Or, dès l’époque mérovingienne, le nombre de ces églises a été grand. Il s’étend au IXe siècle ; deux siècles plus tard, cette sujétion est un fait général. Comme l’évêché, comme l’abbaye, la paroisse a un seigneur. L’histoire des églises privées nous montre donc le changement survenu dans les institutions primitives. Elle nous aide à comprendre par quelles causes et sous quelle forme l’Église est entrée dans les cadres du régime féodal.


Chapitre Ier. — Le « Patronage » des églises.


Comment l’église, la paroisse rurale ont-elles pu devenir l’ob-

  1. Voir la Revue historique, LX, 241 ; LXI, l ; LXIII, 1.