Page:Revue historique - 1898 - tome 67.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
60
mélanges et documents.

marchés et des foires, se ralliait aux propositions essentielles de la thèse du célèbre juriste. S’il se refuse à identifier avec lui la paix du marché et celle de la ville et à attribuer au weichbild, cette vertu magique par laquelle le sol où il s’élève est assimilé au palais royal, s’il considère la paix du marché comme un phénomène naturel et nécessaire parce qu’elle est indispensable aux transactions commerciales et si, utilisant les données fournies par l’ethnographie et les récits des voyageurs, il démontre que cette paix, loin d’être propre à l’antiquité germanique, se rencontre chez les peuples les plus divers, chez les Sémites comme chez les Indo-Européens, dans le moyen âge chrétien comme dans le moyen âge musulman ; il affirme, d’autre part, que « le droit du marché est identique au droit de la ville et que, si celui-ci, dans son dernier état, diffère en quelques points de celui-là, cela s’explique par une évolution tenant à la nature des choses et dont témoignent les textes. » En dépit des différences locales, le mercatus a produit partout la paix de la ville, le droit de la ville, la justice de la ville et le conseil de la ville. Ainsi, M. Huvelin se place au même point de vue que M. Sohm. Il est aussi catégorique, aussi exclusif, aussi absolu. Les « seules objections sérieuses » qui aient été formulées contre le système ne l’ont pas convaincu.

Pendant que M. Huvelin rédigeait son livre, paraissaient une série de travaux dont les auteurs abandonnaient tous la brillante théorie de M. Sohm : en France, mes études sur l’origine des constitutions urbaines au moyen âge[1] ; en Allemagne les articles de M. W. Varges dans les Jahrbücher für Nationalœkonomie und Statistik[2], les Untersuchungen über den Ursprung der deutschen Stadtverfassung de M. F. Keutgen[3] et le Markt und Stadt in ihrem rechtlichen Verhältniss de M. S. Rietschel[4].

Je n’ai pas à revenir sur les idées que j’ai jadis exposées à cette place. Je puis passer rapidement aussi sur les recherches de M. Varges, qui n’ont pas spécialement pour but de fixer le rapport qui existe entre le marché et la ville[5]. En revanche, je dois insister sur les dissertations de MM. Keutgen et Rietschel, qui ont accordé à cette question une attention toute spéciale. Par la clarté de l’exposition, la rigueur de la méthode et la sûreté de l’information, elles appartiennent d’ailleurs à ce qui a été écrit de meilleur pendant les der-

  1. Revue historique, t. LVII, p. 57 et suiv., 293 et suiv.
  2. Dritte Folge, t. VI, VII, VIII, XII, XIV.
  3. Leipzig, 1895.
  4. Leipzig, 1897.
  5. M. Varges a publié séparément, en 1892, dans les Jahrbücher cités, une réfutation de la théorie de M. Sohm sous le titre : Stadtrecht und Marktrecht.