entre autres, fusiller une pauvre femme avec ses deux enfants pour avoir dit au prince Windisch-Grætz, qui lui refusait la grâce de son mari : « Je ne puis vivre et faire vivre mes enfants si vous me l’ôtez. Assassinez-nous donc avec lui ! »
On les exécuta trois jours après les étudiants dont je vous ai parlé, et en présence du mari, qui les suivit au bout d’une heure.
J’ai vu des soldats des frontières couper les doigts, par manière de passe-temps, à deux enfants d’environ trois et six mois, qu’on avait trouvés abandonnés dans une maison qui brûlait. Ils les tuèrent ensuite, n’ayant pas, disaient-ils, de quoi leur donner à téter… »
La Démocratie Pacifique fait suivre cet extrait des réflexions et des pièces suivantes :
Les centaines d’ouvriers, d’artisans, de soldats et d’étudiants massacrés après la victoire par les « vaillants guerriers » de Jellachich et de Windisch—Grætz auront tous un jour leurs noms inscrits dans le Panthéon de la liberté. Contentons-nous de parler aujourd’hui de quelques uns connus par leur activité révolutionnaire.
Messenhausser, le commandant en chef de la garde nationale de Vienne, jeune homme fort doux, trop doux même, cria aux chasseurs qui devaient l’exécuter par la poudre et le plomb (style officiel) : « On m’a condamné. Je meurs pour la patrie et la liberté. L’heure viendra où mon sang sera vengé. Soldats, camarades, je commanderai moi-même… Feu ! » Et il tomba de toute sa hauteur, car il ne s’était pas agenouillé ; mais l’agonie fut assez longue. Mlle Schwarzer, jeune chanteuse du théâtre de Carinthie, a pris plus tard de la terre mouillée du sang de ce martyr. Cet acte a été imité par d’autres personnes.
Huit jours après le commandant en chef de la garde nationale, on assassina par la poudre et le plomb le citoyen Jellinck, rédacteur du journal allemand le Radical et docteur en philosophie.
Toutes ces exécutions ont eu lieu le matin vers sept heures, dans le champ de Brigittenau ou dans les fossés des fortifications.
Jellinck s’occupa à écrire des lettres d’adieu à sa fiancée, à son père et à ses frères jusqu’à deux heures après minuit. Cet écrivain est mort dans la juste conviction d’avoir fait quelque chose pour la liberté. Il l’a dit et l’a écrit. Il parle, dans ses lettres