Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/549

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sieurs villages jusqu’à celui de Tiasal. Le plus important est Ahua.

Les renseignements certains sur le cours de la rivière manquent à partir des cataractes de Tiasal. Là, assure-t-on, commencerait une lagune immense s’étendant vers l’Ouest, et que la rivière Sassandra[1] dont l’embouchure est à 65 milles de celle de la rivière Lahou, mettrait en communication avec la mer.

Ce vaste bassin est appelé par les naturels Boutnia Cokree ; il est navigable pour les grandes pirogues, et sert de voie de communication pour l’approvisionnement du marché de Tiasal, marché fort riche en huile de palme, en ivoire, en or et en coton.

C’est à Tiasal que cette dernière marchandise arrive en quantité considérable, travaillée sous la forme de pagnes par les naturels. Les femmes filent le coton, les hommes le tissent. Ces pagnes s’exportent au loin, et sont recherchés dans les lagunes de Grand-Bassam et d’Assinie.

Le coton est récolté dans de grandes plaines situées au-dessus de Tiasal, et appelées plaines de Baorée. Ces plaines s’étendent fort au loin au Nord ; elles renferment des mines d’or considérables dont la position n’est pas déterminée. Suivant les naturels, il faut marcher pendant une lune pour y arriver[2]. L’or est très-commun dans le pays ; on le rencontre quelquefois à la surface de la terre ; d’autres fois on fait des mines de 20, 30 et même 40 pieds. Séparé des matières étrangères par le simple lavage, il est généralement en poudre dans le sable et dans la terre, et en pépites entre les roches. Quelques-unes de ces pépites sont d’une remarquable grosseur. Une jeune mariée présentée au commandant Mailhetard portait des bijoux en or d’une valeur de 25,000 francs.

  1. La rivière Sassandra a jadis appartenu à la France en vertu d’un traité passé en 1787 par Le capitaine De Flotte, de la marine royale. Les Dieppois y ont eu un établissement (Philippe de Kerhallet, Manuel de la navigation à la côte occidentale d’Afrique.)
  2. Les Bambaras qui habitent Grand-Bassam et qui, je crois, ne connaissent pas le Niger, mettent également un mois pour se rendre à leur capitale nommée Bentoukou. Cette ville est située au pied du versant méridional des montagnes de Kong, à environ 100 lieues (400 kilomètres) dans le N.-N.-E, d’Assinie. Pour s’y rendre, ils passent par Kinjabo et suivent le cours de la rivière Bia. D’après cette comparaison, les riches mines d’or de Baorée seraient voisines de ces montagnes, point de partage des eaux qui se rendent, au Nord, dans le bassin du Niger, au Sud, dans le golfe de Guinée. Pourquoi ne tenterait-on pas de pénétrer dans le bassin du Niger par cette route, en prenant pour guides les Bambaras de Grand-Bassam ?