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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/550

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L’ivoire est abondant à Tiasal. L’éléphant se chasse sur les bords de la rivière, et principalement dans les plaines de Baorée[1].

Ici se présente un fait ethnographique qui mérite de fixer l’attention. Au dessus de Tiasal, dans les plaines de Baorée par conséquent, les naturels parlent la langue d’Assinie et de Kinjabo. Une route conduit de la résidence d’Amatifou à Tiasal. Elle traverse l’Akba au village de Yakassé, au-dessus des cataractes[2]. De là, elle passe à un village appelé Grand-Alépé, différent de celui que nous connaissons et qui est voisin des rives de l’Akba. Ce nouveau Grand-Alépé serait à peu près à 30 milles au Nord du comptoir de Grand-Bassam ; la langue d’Amatifou n’y serait point parlée. De Grand-Alépé, la route se dirigerait sur Creidiou, village important, d’une population de 6,000 âmes et placé à environ 25 milles au N. N. O. du poste de Dabou ; puis, de Creidiou, elle viendrait aboutir à la Rivière Rouge. Ces relations de langage et probablement d’origine, entre des populations séparées par une distance de 120 milles, dans un pays où chaque village a, pour ainsi dire, sa langue et sa nationalité, sont certainement remarquables. Elles m’étaient déjà connues, et l’interprète Gogo vient encore de m’en affirmer l’exactitude ; il assure avoir connu des hommes qui avaient fait le voyage de Kiasal à Kinjabo.

Après avoir décrit le cours de la Rivière Rouge, je vais essayer de donner sur la lagune Lozo les renseignements, malheureusement bien incomplets, que nous possédons.

Cette lagune, comme on l’a vu précédemment, commence au village d’Afé, situé à la pointe Ouest de l’embouchure de la rivière. Sa direction générale est de l’Est à l’Ouest ; sa largeur, à l’entrée, est d’environ deux milles, mais elle est occupée par une suite d’îles placées près de la rive Nord et qui sont distantes de la rive Sud de moins d’un mille.

  1. Ces renseignements sur Je cours de la rivière Lahou et sur les productions du pays sont extraits d’un rapport de M. l'enseigne de vaisseau Réveillère, adressé au commandant de Grand-Bassam au mois d’octobre 1857.
  2. Les rivières de Lahou, de l'Akba et de Bia sont toutes les trois barrées par des cataractes à Tiasal, Yakassé et Aboissou. Ces trois points sont à la même distance de la mer, 25 à 26 milles. Ce serait donc sur cette ligne que se terminerait le premier des trois plateaux ou gradins qui s’élèvent du golfe de Guinée aux montagnes de Kong. L’exploration des autres rivières Fresco, Sassandra, Tanoé, etc., fera voir à quel point cette hypothèse peut être exacte.