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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/539

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que ceux de cette dernière route. Ce marigot a près de 300 mètres de longueur sur une largeur de quelques mètres et une profondeur d’un mètre ; il s’y trouve trois ou quatre vieilles pirogues qui servent à le traverser. À 1 kilomètre plus loin, le chemin se bifurque ; le sentier de droite conduit au petit village d’Abra, sur le bord de la lagune ; celui de gauche, à Alindja-Badou. Cette partie de la côte de la lagune est bordée de bancs de sable qui en rendent l’approche assez difficile. Les cases des deux villages sont cachées par les bois, et les débarcadères sont très-peu en vue.

Je finis ici la description des pays que je viens de visiter dans ma dernière tournée ; dans un prochain voyage, je continuerai l’exploration des autres parties de la lagune.


Pays d’Aka ; village de Bounoua et routes
qui y conduisent.


Au nombre des difficultés de toutes sortes que présentent aux Européens les comptoirs de la côte d’Or se trouve au premier rang celle de se procurer des renseignements géographiques certains. Les naturels, soit prudence, soit inintelligence, s’expriment en termes vagues et souvent contradictoires. L’inclémence du climat, plus encore que la difficulté du terrain, interdit aux hommes de la race blanche des explorations d’une certaine étendue, où la fièvre les arrêterait bien vite. Ainsi, le pays d’Akaplace, malgré sa proximité de Grand-Bassam, est encore peu connu d’une manière exacte. En attendant une étude plus approfondie, voici sur le territoire du vieux Aka les renseignements qui me paraissent mériter le plus de confiance.

Un violent antagonisme règne entre Amatifou et Amékee. Les rapports du chef d’Apollonie avec Aka sont excellents, au contraire ; les deux chefs sont cousins, et leurs hommes semblent se considérer comme étant de la même famille. Suivant une tradition dont je ne puis malheureusement contrôler l’exactitude, ce lien commun de famille et d’origine unissait autrefois les chefs de Kinjabo, de Béguini et de Bounoua ; mais, il y a près de cent ans, une révolution éclata à Kinjabo , la branche légitime des chefs fut chassée et une branche cadette s’empara du pouvoir, où elle est parvenue à se maintenir. Amatifou, neveu d’Attacla, ne serait donc qu’un usurpateur, aux yeux d’Amékee et d’Aka. Je