Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/540

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donne cette version sous toutes réserves, sans en prendre nullement la responsabilité, et seulement comme pouvant expliquer les haines qui séparent des tribus d’une origine certainement commune.

Bounoua, résidence d’Aka, est situé à moins de 4,000 mètres de la rive gauche de l’Akba. C’est un grand village placé au milieu d’une clairière et composé d’une seule rue (du moins jusqu’à la case d’Aka), comme celui de Grand-Bassam. A ma seconde visite, au mois de février 1864, je trouvai après les premières cases une palissade solidement construite, établie perpendiculairement à la route et s’étendant de chaque côté jusqu’aux fourrés.

La population de Bounoua est de 1,500 à 2,000 âmes. Les hommes sont grands, forts, bien bâtis et ont bonne apparence sous leur attirail de guerre. J’en ai vu réunis 300 environ, tous armés de fusils.

Pour aller de le rivière de l’Akba à Bounoua, on peut débarquer à trois villages, ceux de Yaou, d’Impérié et d’Adiao, et suivre trois routes que je vais décrire successivement.

Le village d’Impérié, placé à peu près à mi-distance entre les deux autres, est à 10 milles environ du comptoir de Grand-Bassam. On peut mouiller près de la rive, où se trouve un débarcadère (ou coupée dans les taillis) large d’une trentaine de mètres. Des pirogues y sont toujours amarrées. Les cases sont à 40 ou 50 mètres de la rivière ; on les aperçoit par la coupée faite dans les arbres.

Impérié a une population de 500 à 600 âmes. Le chef hisse toujours le pavillon français, parait très-attaché à notre cause et a blâmé vivement la conduite d’Aka. Il m’a prié de prendre son fils à mon service, pour qu’il apprenne le français. Dans tous les cas, ce village sera toujours à notre merci. Ses intérêts me semblent intimement liés à ceux de Bounoua, dont il est le port sur l’Akba.

Je suis allé deux fois d’Impérié à Bounoua. J’ai mis chaque fois quarante minutes pour arriver aux premières cases du village, et quarante à cinquante jusqu’à celle d’Aka, qui se trouve maintenant protégé par la palissade dont j’ai parlé plus haut. J’estime que la longueur de cette route est de 3,500 à 3,800 mètres. À 250 mètres environ d’Impérié, le chemin, qui était parallèle à la rivière (les bois le cachent à la vue des bâtiments), se dirige à l’Est et franchit un pli de terrain de 7 à 8 mètres de hauteur. C’est un passage dangereux, où l’on ne peut grimper qu’un à un. Le chemin continue au milieu de fourrés, étroit, sinueux ;