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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/557

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Débrimou et de Bouboury. La quantité considérable d’huile que produisaient ces contrées permettait à nos négociants d’y faire des affaires importantes. Mais ils étaient loin d’être satisfaits en voyant le commerce des Jack-Jack bien supérieur au leur, et dès lors la destruction de ces noirs intelligents et actifs devint le sujet de leurs continuelles doléances.

Cependant des actes hostiles s’étaient produits contre nous. Après avoir soumis l’Ébrié, le capitaine de vaisseau Baudin, commandant la division navale, vint mouiller avec tout le corps expéditionnaire dans la baie de Dabou, dont la situation avantageuse avait été reconnue. Le 10 octobre 1853, les chefs de Débrimou, capitale du pays de Dabou, cédèrent en toute propriété à la France les terrains nécessaires à l’établissement d’un fort et de factoreries. Les Jack-Jack, effrayés par le déploiement de nos forces, payèrent une contribution de guerre et prirent l’engagement de renoncer à toute pensée de nuire à notre commerce dans le haut de la lagune. Ce traité de paix et d’amitié fut signé le 12 octobre par le chef Aboudiaké, agissant au nom des différents villages Jack-Jack.

Les travaux du fort de Dabou commencèrent ; une enceinte fut tracée, et des bâtiments provisoires furent élevés pour recevoir la garnison. Notre commerce devait alors trouver toute sécurité dans le haut de la lagune. Mais les indigènes n’avaient vu qu’avec peine notre installation dans le pays. Un instant effrayés, ils s’enhardirent, et les travailleurs durent souvent quitter la pelle et la pioche pour prendre le fusil. Le pays de Bouboury, riche en huile de palme, exerçant une grande influence par l’humeur pillarde et belliqueuse de ses habitants, était le foyer de cette agitation. Nos traitants furent inquiétés dans la baie de Bouboury.

Un guet-apens, qui coûta la vie à plusieurs de nos soldats noirs, amena, de notre part, des représailles contre le Bouboury. Le blocus de leurs côtes s’en suivit.

Cet épouvantable guet-apens mettait fin à des négociations dont l’issue favorable semblait devoir amener la pacification du pays. Le blocus fut repris avec plus de vigueur, les villages de Badou et de Mopoëine furent brûlés par nos avisos, mais l’exiguïté de nos forces nous défendait toute tentative de débarquement.

Cet état, de choses ne fut d’ailleurs que temporaire. Mais l’abandon du pays par les grandes maisons françaises livra tout le commerce aux mains des Jack-Jack, et quand, en 1863, de