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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/711

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la plupart, fils des esclaves de la couronne de Ségou, ont vu leurs pères tués par El Hadj Omar lorsqu’il a fait la conquête du pays. Trois mille au moins n’ont que seize ou dix-sept ans.

Ahmédou a beaucoup d’énergie, et il en a besoin ; il est obligé à chaque instant de réprimer des révoltes et de lutter contre les débris des anciens États que son père a détruits. Il aurait bien besoin de recevoir de grands renforts de Toucouleurs du Fouta, mais ceux-ci ne vont le rejoindre qu’en petit nombre, et seulement dans l’espoir d’être nommés chefs. On ne peut savoir ce que tout cela deviendra. Une seule chose nous paraît impossible, c’est la restauration du passé, car ce serait contre la loi du progrès.

Quant à la partie du Niger en aval de Ségou jusqu’à Tombouctou, voici les nouvelles que nous en recevons par M. Mage : Un neveu d’El Hadj Omar serait encore à lutter dans le Macina avec Ba-Labbo, héritier du cheikh Ahmadou-Labbo, et celui-ci serait en même temps en guerre avec Sidi, successeur d’Ahmed-Bekkay à Tombouctou. Il est probable que les Tombouctiens, appuyés sur les nomades sahariens, et principalement sur les Touaregs Aouellimmiden, cherchent à recouvrer leur indépendance complète vis-à-vis des Pouls, en profitant de ce que ceux-ci se battent entre eux, les uns pour la famille régnante du Macina, les autres pour le parti d’El Hadj Omar.

L’heureux retour de MM. Mage et Quintin clôt d’une manière brillante la série des voyages d’exploration entrepris par des Français, en partant du Sénégal, depuis 1859, savoir : MM. Vincent, capitaine d’état-major ; Bourrel, officier de marine ; Bou el Moghdad, assesseur du cadi de Saint-Louis ; Mage, officier de marine (1er voyage au Tagant), Lambert, officier d’infanterie de marine ; Braouézec, officier de marine ; Pascal, officier d’infanterie de marine ; Alioun Sal, officier indigène de spahis, et enfin MM. Mage et Quintin.

Tous sont heureusement revenus apportant leur contingent de renseignements nouveaux au faisceau de nos connaissances sur le Soudan. Le succès de leurs voyages dans les contrées d’où auparavant il ne revenait pas un voyageur sur dix, prouve en même temps combien l’influence de la France s’est sérieusement établie dans cette partie de l’Afrique.

Alger, le 1er septembre 1866.

Général Faidherbe.

(Moniteur de l’Algérie.)