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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/710

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L’opinion publique ne saurait trop rendre justice à ces jeunes officiers qui, habitués au bien-être de la vie civilisée, ayant déjà une position, un avenir acquis dans nos écoles savantes, font le sacrifice de leur santé et de leur vie, en se soumettant à plusieurs années de privations, de dangers, au milieu de populations barbares, sous un climat terrible, sans relations avec leur pays, leurs amis, leurs familles, ayant sous les yeux l’exemple de tant de leurs devanciers qui ont péri sur cette terre inhospitalière, tout cela par amour de la gloire, par intérêt pour les sciences, par le désir d’illustrer dans leur personne le nom français, de ne pas laisser aux seuls Anglais et Allemands le soin d’explorer les quelques contrées du globe qui restent encore inconnues.

Il reste à attendre la relation que publieront sans doute ces messieurs, lorsqu’ils auront rétabli leur santé délabrée. Cette relation ne peut manquer d’être très-intéressante, nous parlant d’un monde encore si peu connu. Rien que d’avoir pu observer pendant plusieurs années le régime d’un fleuve comme le Niger, à près de mille lieues de son embouchure, c’est déjà un résultat précieux.

Quant aux arrangements commerciaux qui étaient un des objets du voyage, Ahmédou a dit qu’il garantirait la sécurité de nos nationaux et de leurs marchandises moyennant un droit unique de dix pour cent. Cela représente chez nous les droits de douane et de patente.

C’est à nos traitants à voir s’il y a avantage pour eux à porter, dans ces conditions des marchandises dans le Kaarta et le Ségou, au lieu d’attendre à Médine, sous la protection du pavillon français, que les gens de ces pays viennent les leur acheter, comme cela se fait aujourd’hui. Du reste, par le traité d’août 1860, la frontière entre les États d’El Hadj Omar et les possessions françaises ayant été à dessein placée à Bafoulabé, à 40 lieues en amont de Médine, c’est-à-dire à près de 800 lieues de l’embouchure du Sénégal, nous aurons toujours le pouvoir d’occuper ce point si important et si intéressant, quand la colonie jugera le moment opportun.

Le poste de Bafoulabé vivrait en bonne intelligence avec la place forte voisine de Koundian, comme Médine le fait avec celle de Koniakari.

M. Mage croit que la position actuelle d’Ahmédou n’est pas très-brillante. Il a sous ses ordres directs à Ségou quinze mille guerriers armés ; là-dessus dix mille au moins sont esclaves, et