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continuels échanges pour obtenir ce qui lui manque, il ne lui suffit pas de demander à son champ la quantité de chaque denrée dont il a besoin ; il lui faut des excédents qu’il puisse donner pour prix de ce qu’il demandera à ses voisins.

User et abuser étant le droit de la propriété, quiconque possède est libre de se faire à lui-même le tarif de ses besoins. Le plus riche est donc celui qui peut le moins se passer d’auxiliaires nombreux.

Ces auxiliaires, ce sont tout naturellement ceux qui sont dépourvus de biens amassés d’avance. Eux aussi ont un prix à donner en échange de leur subsistance : c’est leur travail, celui de leurs bras, de leur expérience, de leur dextérité, de leur génie même, suivant qu’ils n’ont à offrir que leur force matérielle, ou qu’en degrés divers, ils se sont fait de certains travaux spéciaux, une habitude, un métier ou une science.

Le voilà, ce grand contrat, heureuse et inévitable conséquence de l’état social. La société n’en a point de plus naturel et de plus légitime. On admet que pour doter le pauvre on ne saurait reprendre les biens du riche et procéder a de nouveaux partages ; on avoue que là où la propriété est établie, nul n’est tenu, de droit, de partager avec autrui les fruits de ce qu’il possède. Il n’y a donc qu’un échange qui puisse et qui doive faire participer ceux à qui il manque quelque chose aux puissances qui sont au pouvoir de leurs voisins. Et cet échange qui se fait sans cesse entre ceux qui ont des biens ou des besoins différens, est le même qui a lieu entre ceux qui ont besoin d’être aidés dans leurs travaux, et ceux qui n’ont que leurs bras ou