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leur savoir-faire pour satisfaire aux nécessité de la vie.
Le travail a pour but de pourvoir non seulement aux besoins du pauvre, mais à la consommation de la société tout entière ; et la somme des salaires est immense. Ce n'est pas seulement ceux qui n'ont rien qui y ont part ; ce ne sont pas non plus ceux qui sont assez riches pour rester oisifs, qui seuls paient ceux qui consentent à travailler à leur place. Tous ceux qui, sans être dénué de biens, n'en ont pas assez pour vivre des fruits de leur capital ; celui qui peut en vivre à la rigueur, mais qui sait que le travail lui permettra de se donner les douceur d'une aisance plus grande ; celui qui, suffisamment riche, croit pouvoir se faire utilement intermédiaire entre le consommateur incapable de veiller à la confection des objets de ses jouissances, et les divers agens qui ont à concourir à un ouvrage compliqué ; celui qui ainsi, entrepreneur, manufacturier, commerçant, facilite par ses avances ou par son concours la rencontre de la consommation avec la production ; tous ces hommes dispensent et reçoivent tour à tour le prix de ces innombrables travaux. Ce prix s'appelle salaire pour ceux qui l'obtiennent immédiatement, fixe et assuré. Il se nomme profit chez les entrepreneurs qui, remboursés les derniers par le consommateur de l'ouvrage, courent la chance de gagner une quotité incertaine, ou de perdre non seulement le prix de leurs peines, mais encore les capitaux qu'ils ont avancés. Ainsi le travail et son salaire forment le lien de la sociabilité. L'immense majorité d'une nation y a part : d’où l'on voit combien est inexacte cette abstraction qui partage le monde en riches oisifs et en