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pauvres travailleurs. Il y a peu d’oisifs ; il y a beaucoup de travailleurs qu’on appellera riches, si l’on veut ; il y en a de pauvres qui paient encore des salaires ; et, en un mot, j’aurais désiré une expression plus précise et qui eût moins forme d’antithèse dans cette pensée de M. de Sismondi : Le capital du riche est le revenu du pauvre.

Le prompt échange du travail contre le salaire, de l’ouvrage produit contre son prix ; la rapide circulation qui paie jour par jour la subsistance de celui qui ne peut attendre, et qui rembourse à tous leurs avances, c’est la vie de la société. Partout où, sans disposer de ce qui appartient à chacun, la législation peut aider ce grand et continuel échange, elle doit s’attacher à y concourir ; mais elle doit craindre de fatales méprises : s’abstenir plutôt que de hasarder, et s’en rapporter plutôt à la force des choses qu’à des systèmes et à l’emploi indiscret et involontairement partiel des mesures prohibitives ou coërcitives.

Provoquer le travail pour que le pauvre ait des salaires, et pour que plus d’objets alimentent la circulation, c’est une intention excellente ; mais encore ne faut-il pas l’appliquer à l’aventure. Là se présentent en effet les questions les plus délicates ; celles des travaux plus ou moins profitables : tous répandent des salaires, mais c’est avec des conséquences bien diverses : la question, en particulier, du luxe qui multiplie l’ouvrage à faire et la demande d’ouvriers ; mais qui accoutume à l’accroissement des besoins souvent sans proportion avec l’augmentation des ressources et qui porte plus d'une atteinte aux sentimens moraux,