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valeur ne saurait varier par les considérations que je viens d’exposer. Une livre d’argent, une once d’or, valent toujours une autre livre d’argent, une autre once d’or. Lorsqu’on parle d’or et d’argent, il est bien entendu qu’on parle de la seule et unique espèce d’or ou d’argent qu’il y ait au monde.

En continuant à étudier les différences qui se présentent dans le taux de la valeur, lorsqu’on ne considère qu’une seule espèce de biens limités et une seuls nature de besoins, il est facile de s’assurer qu’il n’y a point de valeur absolue, par la même raison qu’il n’y a ni chaleur absolue, ni vitesse absolue. Toute valeur est essentiellement relative à un certain temps et à un certain lieu, parce que la rareté dont elle provient est elle-même très susceptible de varier, suivant les temps et suivant les lieux.

« Pourquoi la valeur est-elle perpétuellement variable ? dit M. Say. La raison en est évidente : elle dépend du besoin qu’on a d’une chose qui varie selon les temps, selon les lieux, selon les facultés que les acheteurs possèdent ; elle dépend encore de la quantité de cette chose qui peut être fournie, quantité qui dépend elle-même d’une foule de circonstances de la nature et des hommes[1] ».

Mais ici, il se présente encore une observation toute favorable aux métaux précieux, et que les économistes, en général, et M. Say lui-même, en particulier, ont eu le tort très grave de négliger.

L’or et l’argent sont les marchandises dont la valeur

  1. Notes sur les Principes de Ricardo, tome II, page 70.