Page:Revue mensuelle d’économie politique - 1836 - T5.djvu/267

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chandises. Comme ils sont indestructibles de leur nature, ils ne sont pas sujets aux mêmes inconvéniens que les choses qui se consomment et se reproduisent journellement, mensuellement ou annuellement. Il n’y jamais pour eux ni bonne, ni mauvaise récolte, et cela à des intervalles de temps très rapprochés. D’ailleurs, comme ils ont une utilité universelle, et qu’ils trouvent constamment à s’échanger ou à se vendre dans tout l’univers, les variations qui peuvent survenir dans leur valeur doivent se faire sentir sur le plus vaste marché qu’on puisse imaginer, circonstance qui les affaiblit d’autant, et qui les rend presque insensibles.

Je ne prétends pas dire, on le voit bien, que la valeur des métaux précieux ne soit pas ou ne puisse pas être sujette, suivant le temps, à d’assez grandes variations. C’est en cela même que consiste suivant moi le véritable inconvénient de l’or et de l’argent, dans l’emploi que nous en faisons pour l’appréciation de la richesse sociale. Cet inconvénient est réel, et je ne prétends pas le nier ; je n’essaie pas même de l’atténuer ; mais il est inévitable, et, d’un autre côté, il ne faut pas l’exagérer. Sans doute une exploitation des mines mieux entendue, la découverte de nouvelles mines plus productives que les anciennes, sont des faits qui peuvent influer et qui influent réellement sur la valeur des métaux précieux, en en jetant une plus grande quantité sur le marché. Mais ces événemens sont rares, et n’arrivent qu’à d’assez longs intervalles de temps. L’effet n’en est jamais ni très sensible ni très soudain. La découverte de l’Amérique est une exception qui confirme la règle. C’est un fait unique dans son espèce, et