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à des calculs. Mesurer, en terme de mathématiques n’est autre chose qu’exprimer le rapport ou le résultat d’une comparaison qui s’établit entre une grandeur appréciable déterminée et la grandeur de même espèce qu’elle, qu’on a pris pour terme de comparaison ou pour unité de mesure. Mesurer n’est donc autre chose qu’apprécier, et apprécier c’est mesurer. Or, déjà j’ai démontré ailleurs[1] que la valeur était une grandeur appréciable, d’où il résulte qu’elle peut être mesurée, et que la seule difficulté que nous puissions éprouver pour la mesurer réellement, consiste à trouver un terme de comparaison qui puisse nous servir à cette mesure, ou, si l’on veut, à cette appréciation, c’est-à-dire un terme de comparaison suffisamment connu et passablement invariable. J’ai développé ci-dessus les raisons qui me portent à croire que l’or et l’argent sont précisément ce terme de comparaison nécessaire, parce qu’ils sont les valeurs les plus générales et les plus invariables. Je suis donc en droit de conclure que l’or et l’argent sont naturellement destinés à servir de mesure pour la valeur. Et, en effet, l’expérience de tous les jours et de tous les momens nous prouve que la valeur se mesure par le moyen de l’or et de l’argent.

Ce qui s’oppose à ce qu’on mesure la valeur, suivant M. Say, c’est que l’on ne peut pas la comparer avec un type invariable et connu, parce qu’il n’y en a point. Je commencerai par repousser la seconde partie de son assertion. Il y a, en fait de valeur, un type universellement connu, et très connu ; c’est la valeur des métaux

  1. De la Nature de la richesse et de l’Origine de la valeur, chap. xviii.