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des métaux précieux, d’une époque à une autre époque, ne s’opposent donc point, comme on le voit, à ce qu’on les emploie à mesurer les valeurs ou à comparer les richesses sociales ; seulement elles nous obligent à trouver un moyen de reconnaître et de corrige) ces variations. Or, j’ai déjà dit que pour mesurer, par le moyen de métaux précieux, des valeurs placées à plusieurs siècles d’intervalle, il fallait tenir compte du changement survenu dans la valeur des métaux précieux ; c’est ce qu’on fait ordinairement, en prenant pour terme de comparaison la valeur moyenne du froment ; c’est ce que M. Say a fait lui-même et ce qu’il nous a enseigné à faire dans le vingt-huitième chapitre de son premier livre[1].

Mais s’il est vrai que la valeur de l’or et de l’argent varie suivant les temps, il n’est pas également vrai qu’elle varie, ou que du moins elle varie sensiblement suivant les lieux. La valeur des métaux précieux est à peu près la même, à une époque donnée, dans tout le monde commerçant ; et j’ai exposé ci-dessus les raisons qui doivent nous faire admettre ce principe comme un fait incontestable. L’or et l’argent étant éminemment transportables, parce qu’ils contiennent une grande valeur sous un petit volume, les frais qu’il faut faire pour les transporter d’un pays à l’autre sont si peu de chose, qu’ils influent à peine sur la valeur primitive de la marchandise. Il suit de là qu’une livre d’or a, à très peu de chose près, la même valeur à Londres qu’à Paris, la même valeur à Pé-

  1. Traité d’Économie politique, 5e édition, t. II, p. 100