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tersbourg qu’à Londres. Et c’est ici une vérité que M. Say lui-même a reconnue en termes assez clairs : « La denrée alimentaire de l’usage le plus général, dit M. Say, est une mauvaise mesure des valeurs à de grandes distances. Les métaux précieux n’en sont pas une bien parfaite non plus ils valent incontestablement moins en Amérique et aux Antilles qu’ils ne valent en Europe, et incontestablement plus dans toute l’Asie, puisqu’ils s’y rendent constamment. Cependant la grande communication qui existe entre ces parties du monde, et la facilité de les transporter, peuvent faire supposer que c’est encore la marchandise qui varie le moins dans sa valeur en passant d’un climat dans l’autre[1].

M. Say nous fait ici, comme on le voit, une assez grande concession, en admettant que la valeur de l’or et de l’argent est celle qui varie le moins d’un climat à l’autre ; mais cette concession est encore mieux marquée dans le passage suivant : « Les voyageurs prétendent qu’à la Chine la valeur de l’or est, relativement à celle de l’argent, comme 12 à 13 est à 1 ; et, au Japon, comme 8 à 9 est à 1. Mais ces proportions ont dû changer, et, dans tous les cas, se rapprocheront de celles d’Europe et d’Amérique, par suite des transports considérâmes de métal d’argent qui se font en Asie[2]. »

Si la valeur comparée de l’or à l’argent tend à se rapprocher, en Asie, de ce qu’elle est en Europe et en Amérique, ne peut-on pas dire aussi que la valeur ab-

  1. Traité d’Économie politique, 5e édition, t. II, p.96
  2. Traité d’Économie politique, 5e édition, t. II, p. 43, en note.