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Page:Revue militaires suisse - 47e année - 1902.djvu/450

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QUELQUES IDÉES FRANÇAISES
SUR
LA GUERRE DE L’AVENIR
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Par l’analyse très complète que M. le colonel Nicolet a faite ici même, dans le premier trimestre de l’année courante, du Projet de règlement sur l’exercice et les manœuvres de l’infanterie, actuellement mis en essai dans l’armée française, on a pu voir que cette armée reste fidèle aux principes et aux traditions de l’époque napoléonienne. C’est ainsi qu’elle continue à proclamer la supériorité de l’offensive et à compter sur l’action morale de la charge à la baïonnette.

Mais, à côté de cette doctrine, qui est officiellement professée, il en est une autre qui commence à se faire jour. À des procédés de guerre nouveaux, on songe à opposer des formations nouvelles, dût-on sacrifier les anciens dogmes. Et ce n’est pas un théoricien obscur, c’est un homme connu, c’est un homme d’action, le doyen de nos généraux, le pacificateur du Tonkin, qui s’est mis a la tête du mouvement révolutionnaire. Autour de lui, obéissant à son impulsion, ou agissant spontanément dans des voies parallèles à la sienne, un certain nombre de jeunes officiers travaillent avec ardeur à formuler les règles de combat à adopter dans la guerre future, et ils s’efforcent de répandre la bonne parole. Par des articles et des conférences, aussi bien que dans des entretiens particuliers, une campagne très vive est menée contre les théories actuellement admises et enseignées. Déjà le troisième Bureau de l’état-major de l’armée, qui a dans ses attributions « les opérations militaires et l’instruction générale de l’armée », revendique l’honneur d’avoir orienté le Règlement d’artillerie dans le sens des idées