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Page:Revue militaires suisse - 47e année - 1902.djvu/462

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D’abord, à supposer qu’elle ne soit pas arrêtée dans sa marche, quelle pusillanimité ne prêtons-nous pas aux chefs ennemis, si nous les croyons capables d’être déconcertés par son apparition ! De quelle imprévoyance les soupçonnons-nous, si nous pensons qu’ils ne s’attendent pas à un coup de main de ce genre ! De quelle incurie ne sont-ils pas coupables, s’ils n’ont pas pris toutes leurs dispositions pour y riposter ou même pour le prévenir !

On nous affirme que notre raid sera d’une exécution facile. Tous les yeux de l’ennemi étant tournés vers la grande bataille défensive, il n’apercevra pas la poignée d’hommes qui viendra furtivement le frapper dans le dos. On nous montre toutes les forces de notre adversaire engagées dans la lutte, sauf peut-être des forces de qualité secondaire, de celles que, n’étant pas sûr d’elles, on relègue à l’arrière-plan. Donc, c’est presque un désert qu’il y a en arrière de ses lignes, un désert dans lequel on peut s’aventurer sans courir de grands risques. Tout au plus, la mauvaise fortune peut-elle nous mettre en présence d’une colonne intacte. Alors, malheur à elle ! Nous la broyerons dans un élan d’impétuosité offensive !

Eh ! Quoi ? La défensive perd donc subitement ici sa « vertu propre ! » La puissance du feu cesse donc de faire sentir ses effets ! Et voici la légendaire furia francese qui rentre en jeu ! On l’a criblée de sarcasmes, on a déclaré que l’assaut à la baïonnette, quand on regarde l’est, c’est la pire et la plus inutile des folies, et maintenant on vient proclamer que c’est un moyen de combat irrésistible si on marche du nord au sud ou du sud au nord !

Eh bien ! non. Ne nous payons pas de mots et ayons le courage de dire (il en faut !) que, si nous avons affaire à un adversaire trop bon tireur et trop calme pour se laisser aborder sur son front à l’arme blanche, il ne se laissera pas davantage aborder sur son flanc, à moins qu’il n’entende rien à son devoir ou que des circonstances particulières ne l’empêchent d’en remplir les obligations, ce qui arrivera, notamment, s’il est numériquement le plus faible, ou si la configuration du terrain lui est défavorable, ou si l’hostilité des habitants contrecarre ses projets, ou s’il est mal renseigné et trahi, car il est exposé alors à voir échouer les raids qu’il tentera, tandis que ceux qui seront dirigés contre lui réussiront. Mais, d’une façon générale, j’estime que les petits détachements rem-