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Page:Revue pédagogique, année 1897.djvu/1156

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REVUE PÉDAGOGIQUE

pour l’étendue, soit pour l’excellence du but et des principes directeurs, à l’admirable campagne d’éducation morale populaire que l’État laïque a menée sans relâche et par ses moyens propres, depuis 1880. Quand la génération présente aura disparu et que la poussière du combat sera tombée, l’on saura reconnaître — ce que les étrangers reconnaissent avant nous — quelle a été la générosité, la noblesse de vues, la puissance de sacrifice de la démocratie française. L’on s’étonnera de tout ce qu’elle a voulu introduire de raison, de sagesse dans l’âme de notre peuple, que ses chefs temporels et spirituels ont si longtemps laissée à l’abandon. L’on s’étonnera aussi qu’il se soit trouvé en France des partis, des classes entières, une grande Église chrétienne assez aveugles pour ne pas distinguer les signes évidents des temps et pour jeter l’insulte à ceux dont ils auraient dû être les plus zélés auxiliaires. Et si ce vaste mouvement ne répond pas encore sur tous les points à l’ambition patriotique de ceux qui l’ont inauguré, s’il va se heurter, comme il fallait s’y attendre, aux obstacles permanents que lui oppose la faiblesse de la nature humaine, aux obstacles temporaires que lui suscite l’hostilité des partis, enfin à ceux qui résultent de l’état moral du pays, nous ne renoncerons pas néanmoins à travailler avec espoir, dans le même esprit, avec la même sincérité d’observation, avec la même franchise de langage. »

Un nouveau journal pédagogique (l’École nouvelle, revue hebdomadaire de l’enseignement primaire ; directeur : É. Devinat ; Paris, Ch. Delagrave). Oui, encore un, et il ne faut pas s’en plaindre. D’abord parce qu’il n’y a jamais trop de bons journaux, que l’instituteur d’aujourd’hui a des besoins inconnus à ceux d’autrefois, qu’il aime à juger par lui-même, à comparer, à entendre concurremment les diverses opinions, et que la multiplicité croissante des organes de l’enseignement primaire a coïncidé avec une élévation du niveau moyen de cette presse pédagogique, si terne et si monotone jadis, si vive, si franche, si indépendante, si riche aujourd’hui.

Et puis, il faut surtout se réjouir quand le nouveau venu de la carrière y entre précédé d’une grande popularité, qui est en même temps une popularité de bon aloi.

M. Devinat, le rédacteur en chef de l’École nouvelle, est connu de tous nos lecteurs et l’on pourrait dire de tout l’enseignement primaire ; il est un de ses représentants élus au Conseil supérieur. Directeur de l’école normale d’Auteuil, après avoir dirigé plusieurs des plus importantes écoles normales de province, il a eu mainte occasion de faire apprécier de ses collègues, de ses collaborateurs et de ses chefs une droiture de caractère et une probité d’esprit qui lui ont valu toutes les sympathies. Le libéralisme éprouvé de l’homme et du fonctionnaire nous garantit celui du journaliste. Et les premiers numéros parus de cette feuille répondent à l’attente qu’on en pouvait concevoir. L’École nouvelle donne la parole à Francisque Sarcey et ne la refuse pas à Mme Séverine ; M. Reinach y parle des idées de Gambetta sur l’éducation, M. Porcher y poursuit son enquête morale sur la respon-