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LA PRESSE ET LES LIVRES

sabilité… non pas des instituteurs (article 1384), mais des pères et mères de famille, M. Ragot y reprend ses causeries d’une bonhomie piquante.

Souhaitons de grand cœur la bienvenue à notre nouveau confrère.

De Paris à Édimbourg, par Mme Edgar Quinet. — On sent que ces pages partent de la même main qui a écrit la France idéale. Mais ce n’est plus ici un livre lentement mûri, composé avec recueillement et rédigé avec amour ; l’auteur (et nous en sommes avertis dès la première page) ne nous offre aujourd’hui que les souvenirs rapidement retracés d’un rapide voyage. N’importe ; ces notes ont beau avoir été jetées sur le papier sans aucun souci d’arrangement concerté et de beau style, nous y retrouvons cette chaleur dame, cette élévation de pensée que M. Buisson louait naguère en rendant compte dans cette Revue du précédent ouvrage de Mme Quinet.

Ceux qui aiment que les récits d’un voyageur soient comme un miroir qu’il promène le long de son chemin et où se reflètent les vives images des pays parcourus, ceux-là risquent d’être un peu déçus en lisant cet itinéraire de Paris à Édimbourg. Sans doute, on y peut rencontrer parfois des descriptions d’un trait net et d’une couleur franche ; sans doute, il arrive que l’auteur nous peint, en quelques touches, le gracieux paysage des bords de la Tweed ou le spectacle sauvage de la mer du Nord. Mais ce n’est pas en touriste, c’est surtout en moraliste, en historien que Mme Quinet a fait son voyage. Se rend-elle à Holyrood ? elle a bientôt fait de nous décrire l’abbaye et le château ; dans ces ruines elle se hâte d’évoquer l’image de Marie Stuart, et dans ce cadre c’est la figure de la malheureuse reine qui l’intéresse ; quant au cadre lui-même, elle le néglige presque. A Abbotsford, à Melrose, c’est à Walter Scott qu’elle pense et c’est lui surtout qu’elle voit. De la demeure du romancier, de la merveille d’architecture religieuse, elle dépêche tant qu’elle peut la description : « Il faut borner ici ma pauvre description, dit-elle ; les photographies achetées chez le gardien peuvent seules donner l’idée du monument ». On sait de reste que les prouesses descriptives ne sont pas ce qui manque dans les productions du jour. Mme Quinet a cru pouvoir s’en passer. Elle a eu un dessein plus haut que de rendre l’aspect du pays qu’elle visitait ; elle a voulu connaître et faire connaître l’âme de la nation dont elle était l’hôtesse. « Ce n’est pas l’Écosse pittoresque, dit-elle quelque part, mais l’Écosse intellectuelle qui a été le but de ce livre. » Il n’y a rien là, je crois, dont nous ne devions nous féliciter.

Prévenons un malentendu possible. Quand Mme Quinet nous dit que « l’Écosse intellectuelle a été le but de son livre, elle n’entend point nous promettre des études sur les artistes et les écrivains de ce pays. Chemin faisant, elle nomme Burns, Dugald Stewart et quelques autres ;