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Page:Revue pédagogique, année 1897.djvu/647

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L’ENSEIGNEMENT DES INDIGÈNES EN ALGÉRIE



[On nous communique les bonnes feuilles du chapitre que M. Maurice Wahl consacre à la question de l’enseignement des indigènes dans la 3e édition de son ouvrage sur l’Algérie, qui va paraître dans quelques jours. (Librairie Alcan, 108, boulevard Saint-Germain.) — La Rédaction.]

Est-il vrai qu’en Algérie, comme l’écrit un publiciste contemporain, « on a voulu commencer par l’école et on a échoué misérablement » ? Bien loin de créer des écoles, nous avons d’abord détruit la plupart de celles, mecids, zaouias, médersas, qui existaient avant notre arrivée. Il eût mieux valu en tirer parti, en y faisant peu à peu pénétrer nos maîtres, nos méthodes, notre esprit. Plus tard sont venus des essais confus : les écoles arabes françaises, les collèges arabes, l’internement des jeunes indigènes dans les lycées et collèges français. Les écoles arabes-françaises étaient en trop petit nombre pour donner des résultats appréciables ; quant aux jeunes gens qu’on soumettait dans les établissements secondaires à un régime intellectuel trop fort pour leur cerveau non dégrossi, ils en sortaient l’esprit troublé plutôt qu’éclairé, avec un bagage hétéroclite de formules incomprises, de notions tronquées, d’idées extravagantes. Le mieux qu’on pût leur demander, c’était d’oublier ce qu’ils avaient appris, de retourner à leur ignorance première et de se confondre dans la masse inculte de leurs compatriotes[1].

Sans remonter aux causes de ces insuccès, on s’en autorisa pour n’en plus rien faire. Les collèges arabes avaient été supprimés par l’amiral de Gueydon, les écoles arabes-françaises disparurent l’une après l’autre. En 1882 il en restait 13 pour toute l’Algérie. Le nombre des enfants musulmans inscrits dans ces écoles et les

  1. Voir pour cette question de l’enseignement des indigènes : Foncin, l’Instruction des indigènes en Algérie, Paris, 1883 ; Rambaud, l’Enseignement primaire chez les indigènes musulmans d’Algérie, Paris, 1892 ; Combes, Rapport au Sénat sur l’instruction primaire des indigènes, Paris, 1892 ; Jeanmaire, Rapports sur la situation de l’enseignement primaire en Algérie, dans les Exposés de la situation générale de l’Algérie au Conseil supérieur de gouvernement ; Bulletin universitaire de l’académie d’Alger, Alger, 1887-1893.