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Page:Revue pédagogique, année 1925.djvu/310

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REVUE PÉDAGOGIQUE

appelait elle-même « son testament », elle émettait le vœu qu’on ressuscitât à cet effet l’ancienne École Pape Carpantier sous le nom d’École normale supérieure maternelle. Cette solution, que le succès n’a pas sanctionnée jadis, serait-elle aujourd’hui plus heureuse ? Faut-il en chercher d’autres et créer, par exemple, des écoles normales maternelles régionales ? En tout cas, Mme Kergomard a pu constater, avant de mourir, les résultats très satisfaisants des cours normaux qu’elle avait suscités dans plusieurs académies. Les expositions où les institutrices maternelles ont, au cours de ces dernières années, réuni tout le matériel qu’elles imaginent pour appliquer leurs méthodes, ont pu lui prouver qu’elles savent s’adapter, avec une remarquable ingéniosité, à leur mission si originale. Elle a pu se rendre compte, d’autre part, que nous entrions dans ses vues : la réforme récente du brevet supérieur permet à nos normaliennes d’opter pour des études qui les orientent vers la maternelle : ainsi grandira, peu à peu, selon le vœu de Mme Kergomard, le corps spécial des éducatrices des tout petits.

Nous ne nous arrêterons pas dans cette voie : le meilleur moyen de reconnaître la valeur de ses idées, c’est de leur demeurer fidèle. Ainsi son œuvre lui survivra. Comment en serait-il autrement ? Elle avait de nombreux disciples. Non seulement ses idées étaient partagées par ses collègues de l’Inspection générale — celles d’hier et celles d’aujourd’hui — mais son action s’étendait au delà du monde des maternelles. Combien de fois m’a-t-elle dit, en citant le nom d’un universitaire ou d’un ancien universitaire : « C’est encore un de mes fils !» Et c’était un Inspecteur primaire ou un Inspecteur d’académie, un Inspecteur général, un recteur, un membre du Parlement, ou cet ancien Ministre à qui tant de liens l’attachaient et qui, en ce moment même, dans son gouvernement lointain, est de cœur avec nous pour lui rendre les derniers devoirs. Je ne sais si elle me faisait l’honneur de me compter parmi les membres de cette famille spirituelle. Mais je suis bien certain d’interpréter exactement leur pensée en disant à ses fils selon la chair — qui sont aussi ses fils selon l’esprit — que nous promettons d’entretenir fidèlement dans l’Université le culte de sa mémoire.

Et quand nous aurons nous-mêmes disparu, son action ne