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Page:Revue pédagogique, année 1925.djvu/927

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ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENT SÉLECTIF

S’il n’y a pas imitation, tant de ressemblances entre deux organisations si éloignées, dans le temps et dans l’espace, sont d’autant plus surprenantes.

Quelle est la valeur éducative et sociale d’un système aussi séduisant et aussi complexe que celui de Gary qui réalise en somme l’école unique dans le sens le plus parfait et le plus démocratique du mot ? Pour apprécier un tel système à sa juste. valeur, il ne faut pas le juger d’après ses fruits, comme on pourrait le penser, car ces fruits peuvent être accidentels et ne pas dépendre de la valeur intrinsèque de l’organisation. Il faut toujours se demander ce que ce système peut donner pour se rendre compte de sa valeur. Qu’en est-il du système en question, c’est un gros problème qu’il serait malaisé de résoudre. Il a suscité quelques critiques et beaucoup d’enthousiasme. Le fait est que beaucoup d’écoles aux États-Unis ont été réformées sur le type de Gary et que nous en trouvons des échos lointains dans les écoles européennes et en particulier dans celles de l’Allemagne et de l’Autriche.

Si nous écartons ce qui est dû à des causes accidentelles, un corps enseignant insuffisamment préparé et l’unité du programme insuffisamment réglée, il reste un défaut plus fondamental qui est commun à toutes les organisations américaines si séduisantes. Elles sont toutes une réaction contre l’éducation traditionnelle verbale, livresque et formelle, contre l’école éloignée de la vie réelle qui domine à l’heure actuelle. Comme dans toute réaction, il y a des excès dans le sens contraire : on veut réduire au minimum le travail théorique. La grande tâche de ces écoles c’est de préparer l’enfant à la vie sociale et professionnelle. Pour atteindre ce but on veut introduire cette vie à l’école en l’imitant[1]. Cette imitation de la vie, est-ce de la vie réelle ? Peut-on réaliser à l’école toutes les situations typiques de la vie, comme le prétendent certains éducateurs américains ? Et surtout, peut-on se passer de faire réfléchir l’enfant sur ces situations ? Si l’on

  1. Voir l’ouvrage cité de Dewey.