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REVUE PÉDAGOGIQUE.

plagiaire, original ou copiste, je vous donnerais ses ouvrages et je vous dirais : lisez et jugez ; mais s’il est dévot ou courtisan, qui pourrait le décider sur le portrait que j’en viens de faire ? Je prononcerais plus hardiment sur son étoile : oui, Théodote, j’ai observé le point de votre naissance ; vous serez placé, et bientôt ; ne veillez plus, n’imprimez plus, le public vous demande quartier.

1. — Qu’est-ce que La Bruyère ? — Né à Dourdan (Seine-et-Oise), en 1639, mort en 1696, ne fut de l’Académie qu’en 1693. Moraliste, observateur sagace et profond, écrivain original, c’est lui qui sut le mieux peindre, après Molière, les vices et les travers de son siècle.

2. — Qui La Bruyère a-t-il eu en vue dans ce portrait ? — Les Clefs nomment l’abbé de Choisy. En effet, la double qualité de courtisan et d’auteur semble lui convenir assez particulièrement, et le reste du portrait s’accorde assez avec l’image qu’on a conservée de lui.

3. — Que remarquez-vous sur le mot accompagnent ? — Ce mot signifie ici « être en harmonie ». Ce mot est aujourd’hui d’un usage plus rare et moins étendu. Au propre, accompagner signifie « aller de compagnie, escorter ».

4. — Quel sens faut-il donner à cette expression « qu’on s’en remue » ? — L’auteur emploie se remuer de cela, pour s’inquiéter, s’occuper de.

5. — Pressez-les, tordez-les, etc., comment appelez-vous cela ? — Une métaphore (du grec metapherô, transporter). On appelle ainsi une figure qui découle d’une comparaison complète dans l’intelligence, mais dont les termes sont supprimés dans le langage. — Ici, la métaphore est neuve et énergique. C’est par cette figure que le style se colore et s’embellit, et qu’on prête du sentiment aux êtres qui en sont dépourvus.

6. — Donnez des exemples de métaphores. — La chaleur de l’improvisation, une riante campagne, un rayon d’espérance, la rapidité de la pensée, la dureté de l’âme.

7. — Dans quelle classe rangez-vous la métaphore ? — Dans les tropes.

8. — Qu’est-ce qu’un trope ? — Les tropes (du grec trepô, tourner, changer) sont des figures qui changent la signification des mots, c’est-à-dire qui présentent les mots dans une acception autre que le sens propre : Un village de cent feux, pour un village de cent maisons.

9. — Y a-t-il plusieurs sortes de tropes ? — On en compte six principaux : la métaphore, la catachrèse (du grec catachrésis, abus), l’antonomase (de anti, en place de, onoma, nom ; grec), l’allégorie, du grec allos, autre ; agorenô, parler), la métonymie (du grec méto-