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LES ÉCOLES EN FRANCE ET À L’ÉTRANGER.

quent, d’admettre en principe que les fenêtres d’une classe doivent être rectangulaires et que leur linteau doit être remonté le plus près possible du plafond. Mais il ne suffit pas de savoir à quelle hauteur il est nécessaire de faire monter les fenêtres, il faut encore savoir jusqu’où elles peuvent descendre. À cet égard, les avis sont partagés. En général, l’appui des fenêtres de nos écoles est placé au dessus du plancher à une hauteur qui ne permet pas aux enfants de voir ce qui se passe au dehors. Ils sont ainsi à l’abri des distractions que peut leur causer la vue des choses extérieures, ce qui est un avantage ; mais, en revanche, il est incontestable que l’ennui dont cet emprisonnement est la conséquence forcée, doit compenser, et au delà, le surcroît d’attention qu’on s’efforce d’obtenir.

Un jour, nous visitions une petite école belge de la vallée de la Meuse : c’était un très-modeste établissement composé de deux classes. Voyant la première éclairée par deux grandes fenêtres qui atteignaient le plafond et touchaient presque le sol, je demandai au maître la raison d’une si grave infraction aux règlements scolaires. « Je ne crois pas du tout, me répondit-il, que renfermer des enfants entre quatre murs soit un moyen efficace d’augmenter leur assiduité au travail et d’exciter leur attention ; si, à force de précautions, on parvient à leur cacher ce qui se passe dans la rue, peut-on les empêcher d’entendre ? et alors ceux dont la curiosité est satisfaite par un simple coup d’œil n’éprouvent-ils pas une distraction plus courte que ceux dont la curiosité ne peut être satisfaite et est éveillée par un bruit qui arrive à eux, les inquiète, et dont ils ne peuvent trouver la cause ? » Au même instant, une violente rumeur se fit entendre sur le chemin ; immédiatement tous les élèves de la classe aux fenêtres hautes étaient debout sur leurs bancs, grimpaient les uns sur les autres, s’accrochant à la fenêtre pour regarder au dehors. Il fallut un long temps, bien des objurgations et des paroles sévères pour que tout rentrât dans l’ordre. Quant aux élèves de la classe aux fenêtres basses, il leur avait suffi de tourner la tête pour voir un charretier fouetter son cheval ; et l’esprit désormais tranquille, ils s’étaient remis au travail.

Le jour doit venir à la gauche de celui qui travaille ; s’il venait à sa droite, l’ombre de sa main, portée sur le papier, le