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REVUE PÉDAGOGIQUE.

force, l’adresse et la santé, c’est le travail assuré, c’est la journée bien employée et bien payée ; c’est la famille à l’abri du besoin, ce sont les enfants élevés, c’est l’ordre, la propreté, le bien-être au logis ; c’est, au point de vue moral, le calme et le repos d’esprit ; et, puisque les gymnases contribuent à assurer la possession de tels biens, on ne peut contester l’intérêt, ou plutôt la nécessité absolue qu’il y a d’en installer le plus promptement possible dans toutes nos écoles.

Nos lycées, nos établissements d’instruction secondaire, ont tous, où à peu près, des gymnases ; pourquoi nos écoles primaires seraient-elles moins bien partagées ? n’ont-elles pas des droits égaux, ne cherchent-elles pas à atteindre le même but, former des hommes et de bons citoyens ?

Il ne reste plus qu’à dire quelques mots de la forme extérieure donnée aux écoles. Nous admettons, en France, que la façade d’une école doit être simple et modeste ; nous avons, pour notre compte, longtemps partagé cette manière de voir ; nous en sommes un peu revenus et ne trouvons pas qu’il faille exclusivement réserver pour des théâtres ou des palais la richesse des formes architecturales ; une école a bien, elle aussi, droit à quelques égards ; il est inutile, sinon fâcheux, de lui donner l’apparence d’une prison ou d’une fabrique, et elle n’en vaudra pas moins si sa facade a d’heureuses proportions, est d’aspect agréable et convenablement décorée.

Nous voudrions, à cette occasion, pouvoir mettre sous les yeux du lecteur les façades de quelques écoles d’Allemagne, de Suisse, de Belgique et d’Angleterre, et montrer quels soins et quel luxe nos voisins apportent à cette partie de leurs édifices scolaires. Dans un récent congrès d’instituteurs, un maître d’école suisse disait, avec un peu d’emphase peut-être, mais avec un grand accent de sincérité : « L’école est le palais du peuple, et aucun souverain ne mérite plus que celui-ci d’avoir un palais étudié et réussi. Il faut donner à l’école l’éclat et la recherche qu’exige tout palais, et ne : pas seulement réserver le luxe des formes, le confort des installations pour les lieux de plaisir ou la demeure d’un prince ; dans une école conçue et dirigée comme elles devraient l’être toutes, le maître n’a pas seulement pour but l’instruction des enfants confiés à ses soins, il