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L’ÉDUCATION : PUBLIQUE EN CALIFORNIE.

ne leur est imposée ; ils ouvrent leurs établissements comme ils l’entendent. Les parents font leur choix et ce choix s’affirme de plus en plus en faveur des écoles publiques : un dixième seulement du nombre des enfants, recensés en 1877 dans les écoles, a fréquenté les institutions privées.

L’instruction est laïque : l’enseignement de toute doctrine religieuse est formellement interdit par la loi. Il ne faudrait pas en conclure que les Américains considèrent la religion comme inutile à l’éducation de l’enfance. Leur opinion est toute contraire. Mais ils sont convaincus que l’État n’a pas pour fonction d’enseigner un dogme religieux ; d’après eux, cette fonction appartient essentiellement aux familles et aux divers clergés, qui ont toute facilité pour la remplir. Les écoles publiques ne renferment, en effet, que des externes ; les élèves sont libres chaque jour à quatre heures ; ils le sont également pendant la journée entière du samedi et du dimanche ; il leur reste donc plus de temps qu’il n’en faut pour assister à un enseignement et à des exercices confessionnels. J’ai constaté, à l’aide des renseignements qu’ont bien voulu me fournir les ministres des divers cultes, qu’à San-Francisco 93,000 enfants en moyenne assistaient aux catéchismes ; j’ai calculé, d’autre part, d’après des données statistiques fort exactes, qu’il n’existait pas, dans les écoles publiques et privées, plus de 19,000 élèves, ayant de 9 à 17 ans, aptes par conséquent à suivre les enseignements du culte. Il semble donc qu’en général, les familles donnent à leurs enfants l’instruction religieuse.

Dans l’opinion des Américains, les enfants élevés côte à côte sans distinction de culte, ne connaîtront ni l’animosité ni tout au moins la division que trop souvent la croyance engendre ; ils acquerront au contraire cet esprit