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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/11

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REVUE PÉDAGOGIQUE

d’Aristote, de Plutarque, on peut se faire une idée assez juste de la manière dont les Grecs entendaient l’éducation des enfants, et tracer l’esquisse du premier livre d’un ouvrage qui manque encore, l’histoire générale des doctrines pédagogiques. C’est ce que nous avons tenté. Si notre modeste travail, en attirant de nouveau l’attention sur des questions peut-être un peu négligées, suscitait des ambitions plus hautes et plus heureuses, nous serions assez récompensé de notre effort.

I. — LES IDÉES PÉDAGOGIQUES DE SOCRATE ET DE XÉNOPHON.

Xénophon est le premier écrivain des littératures classiques chez lequel on trouve un certain ensemble d’idées sur l’éducation. Avant de l’interroger lui-même, nous relèverons quelques-unes des vues de Socrate éparses dans les Entretiens mémorables fidèlement recueillis par son disciple. Socrate donnait d’admirables leçons de morale privée et publique aux jeunes gens réunis autour de lui ; mais il s’est peu expliqué sur l’ordre général et la suite de l’éducation. On voit seulement l’importance extrême qu’il attachait, comme presque tous les anciens, à la nécessité de donner aux enfants des habitudes de résistance à leurs appétits naturels. Dans une discussion qu’il entreprend avec le futur chef de la secte cyrénaïque, Aristippe, qui pratiquait déjà pour lui-même l’indulgence à l’égard des passions dont il devait faire plus tard le principe de sa doctrine, Socrate démontre victorieusement qu’il faut élever le jeune homme pour être capable de commander aux autres, si on ne veut le condamner à être asservi lui-même par des natures plus énergiques, et que celui qui se destine à commander aux autres doit apprendre à surmonter pour