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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/221

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REVUE PÉDAGOGIQUE.

lorsqu’il sera devenu grand, doit le rendre accompli dans le genre de vie qu’il a embrassé »[1].

Cette définition est très-incomplète ; elle néglige tout ce que l’éducation a de général lorsqu’elle forme le corps et l’âme de l’enfant, non pas en vue d’une profession spéciale, mais pour faire de lui un homme et un citoyen ; elle la rabaisse à une sorte d’apprentissage direct dans lequel l’enfant reçoit dès son plus bas âge des leçons amusantes du métier qu’on veut lui faire exercer plus tard. Il ne manque pas, nous le savons, d’esprits étroits et mesquins auxquels cette méthode ne déplairait point. Mais tous les hommes éclairés sont d’accord pour condamner en pédagogie les systèmes purement utilitaires, et pour donner une place aussi large que possible à la culture désintéressée, d’autant mieux que la force qu’elle communique à ceux qui la reçoivent leur profite immédiatement dans l’apprentissage et dans l’exercice des professions spéciales. Le vulgaire se prête assez docilement à ces vues libérales, souvent sans trop les comprendre ; le laboureur, le charpentier, l’architecte envoient de confiance leurs enfants à l’école pour y apprendre tout autre chose que leur métier.

La seconde définition, que l’on trouve au début du deuxième livre, nous semble déjà beaucoup plus juste. « J’appelle éducation la vertu telle qu’elle se montre chez les enfants, quand les sentiments de joie ou de tristesse, d’amour ou de haine qui s’élèvent dans leur âme, sont conformes à l’ordre, sans qu’ils soient en état de s’en rendre compte ; lorsque, la raison étant survenue, ils se rendent compte des bonnes habitudes auxquelles on les a formés,

  1. Lois, p. 26.