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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/222

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LES DOCTRINES PÉDAGOGIQUES DES GRECS.

c’est dans cette harmonie de l’habitude et de la raison que consiste la vertu prise en son entier »[1].

Si Platon, laissant de côté le corps et l’intelligence, n’a songé dans ces lignes qu’à l’éducation morale, il l’a du moins fort bien déterminée en disant qu’elle consiste dans la bonne direction donnée aux sentiments naturels de l’enfant sans qu’il en ait conscience, de manière à ce que ces sentiments, comme guidés par la main habile du père ou du maître, deviennent autant d’habitudes vertueuses. Il condamne ainsi implicitement ces maîtres prétentieux qui veulent inculquer la vertu aux enfants avec force leçons de morale qu’ils ne sont pas en état de comprendre. Très-sensibles au plaisir et à la douleur, très-vivement touchés par l’exemple, ils n’ont que faire des préceptes de la théorie. « N’oubliez pas, dit Locke, qu’il ne faut point instruire les enfants par de simples règles, qui leur échapperont incessamment de la mémoire ; mais, ce que vous jugez qu’il est nécessaire qu’ils fassent, attachez-vous à le leur faire pratiquer exactement, aussi souvent que l’occasion s’en présentera, et, s’il est possible, faites-en naître les occasions. Cela produira en eux des habitudes qui, étant une fois établies, agiront d’elles-mêmes, facilement et naturellement[2]. »

Nous trouvons enfin dans le septième livre une définition complète : « La bonne éducation est celle qui donne au corps et à l’âme toute la beauté, toute la perfection dont ils sont capables[3] ». Le but de l’éducation est identique à celui de la morale tout entière. La seule différence consiste en ce que l’enfant, être encore irresponsable à beaucoup

  1. Lois, p. 36 et 37.
  2. De l’éducation des enfants, ch. 5.
  3. Lois, p. 209.