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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/223

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REVUE PÉDAGOGIQUE.

d’égards, ne peut s’élever de lui-même vers l’idéal du vrai, du beau et du bien, tandis que l’homme fait, une fois que sa raison et sa volonté sont émancipées, devient l’agent libre et responsable de son propre perfectionnement.

Ce n’est pas que la définition de Platon dissipe à elle seule toute incertitude ; elle suppose évidemment une conception bien arrêtée de la destinée humaine, et une connaissance approfondie de la double nature, corporelle et spirituelle, qu’il s’agit de développer dans le sens de la perfection. La pédagogie, qui fait partie de la morale, est intimement liée à la métaphysique, à la psychologie, et même à la physiologie. Pour élever l’enfant, il faut connaître ses organes, connaître son âme. Mais cette connaissance expérimentale ne suffit pas ; car nous ne voyons dans la réalité abandonnée à elle-même, avant l’intervention des causes raisonnables et libres, qu’un déterminisme inflexible. Si nous ne devons pas à la raison cette conviction absolue que l’homme a une destinée spéciale, dont la science de la nature extérieure et la psychologie expérimentale ne peuvent lui donner le secret, et que la spéculation métaphysique est seule capable d’apercevoir, pourquoi n’abandonnerions-nous pas l’enfant au développement spontané de ses forces physiques et de ses facultés mentales ? La pédagogie de Platon tient donc étroitement à sa métaphysique et à sa psychologie : en indiquant la méthode par laquelle on peut faire arriver le corps et l’âme à la perfection dont ils sont capables, il avait à la fois en vue le point de départ, c’est-à-dire l’état naturel dans lequel : se trouve l’enfant avant l’éducation, et lé point d’arrivée, c’est-à-dire l’idéal de la perfection vers lequel il s’agit de le conduire.

Le philosophe a traité dans les Lois aussi longuement que