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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/332

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LES DOCTRINES PÉDAGOGIQUES DES GRECS.

portant, dont la fin est principale, et telle que les autres ne soient que des moyens d’arriver à celle-là. C’est la politique, qui a pour fin le plus grand bonheur de l’homme individuel et des hommes réunis en société. Qu’est-ce le bonheur ? Après la discussion des réponses faites par d’autres à cette question essentielle, Aristote donne la sienne : « Le bonheur consiste dans une activité complète de l’âme qui se conforme à la justice et à la raison ; en d’autres termes, le bonheur est la plus grande somme de plaisir qui puisse résulter de l’exercice le plus actif de nos plus nobles facultés. Le plaisir véritable est inséparablement uni à une telle activité ; les plaisirs apparents qui ne présentent pas cette condition sont tous faux à certains égards. L’art de pratiquer tout le bien possible et de diriger vers ce but nos sentiments de plaisir ou de peine, c’est la vertu. »

Mais la vertu n’est pas un don de nature, sauf pour quelques hommes qui, véritablement favorisés par la fortune, tiennent ce privilége de quelque cause divine. Il ne faut pas trop compter non plus, pour la faire acquérir aux hommes, sur la raison et sur l’instruction ; car « il est à craindre qu’elles n’aient pas le même pouvoir sur tous, et peut-être faut-il que l’âme de celui qui doit recevoir leurs préceptes, comme une terre destinée à nourrir la semence qu’on lui confie, ait été formée d’avance, par de bonnes habitudes, à conserver des sentiments d’amour ou d’aversion conformes au bien. En effet, celui qui est soumis à l’empire des passions, ne peut guère entendre ni comprendre les raisons destinées à l’en détourner ; et, dans cet état, comment le faire changer de sentiments ? Il faut donc