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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/331

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REVUE PÉDAGOGIQUE.

de Pindare, la lettre citée par Plutarque[1], qu’il écrivit à son maître pour lui reprocher d’avoir rendu publiques des doctrines métaphysiques qu’il voulait être le seul à posséder, le don de sommes considérables, dont Athénée fait monter le total à plus de huit cents talents, pour faciliter ses travaux scientifiques, enfin, si l’on en croit une tradition contestée de nos jours, l’envoi continuel, fait du fond de l’Asie par le conquérant d’une foule d’animaux, de plantes, de productions curieuses, et même de documents politiques sur les différentes constitutions des peuples vaincus. Assurément un élève tel qu’Alexandre était l’idéal pour un maître doué de grandes aptitudes pédagogiques et possesseur d’un savoir prodigieux. Mais Aristote avait un sentiment trop juste de la réalité, une connaissance trop exacte de l’esprit humain, pour s’être fait illusion sur la capacité habituelle de cet esprit. Dans tout ce qu’il a dit de l’éducation, il n’a montré pour le commun des hommes aucune des exigences qu’il dut avoir avec raison à l’égard d’un élève tout à fait exceptionnel.

Comme la pédagogie d’Aristote se rattache étroitement à sa conception de la morale et de la politique, il est indispensable d’exposer en quelques mots les principes de cette conception même. Tout ce qu’on entreprend, dit Aristote au commencement de la Morale, a un but, qui est, en dernière analyse, le plus grand bien possible de celui qui agit. Toutes les sciences ont donc pour fin dernière un avantage qui doit en résulter. Comme elles sont subordonnées les unes aux autres, en raison de l’importance du but qu’elles se proposent, il doit y en avoir quelqu’une qui est supérieure aux autres, dont le but est le plus im-

  1. Vie d’Alexandre, ch. ix.